"Midnight nation", rien ne s'oppose à la nuit, rien ne justifie


Lorsque la télévision vient aux comics…

 

D’où vient Midnight Nation, sinon de ses auteurs ? J. Michael Straczynski a commencé par travailler à la télévision dans de séries comme Arabesque ou Captain Power (objectivement, ça commençait mal…). Dans les années 1990, il travaille sur la série Babylon 5 qui lui apporte reconnaissance et fortune. Après l’arrêt de la série, il s’oriente vers les comics en écrivant notamment la série Rising Stars puis en reprenant Spiderman (non sans problèmes, notamment sur la saga one more day). Il fut souvent comparé par la critique à des créateurs comme Alan Moore ou Frank Miller (ce qui place la barre très haut).

 

Le parcours du dessinateur Gary Frank, si on le compare à celui de Straczynski, est plus « conforme » à celui d’un créateur de comics : il dessine tant chez Marvel (X-Men, Dr Strange) que DC (Superman : secret origin). Après Midnight nation, ils se retrouveront sur Supreme power.

 

La quête de soi

 

Policier, David Grey est un dur, un tough guy. Suite à une échauffourée, il se fait descendre. Lorsqu’il se réveille, personne ne le reconnait. Pire, il est transparent. Il se retrouve dans une zone intermédiaire entre la vie et la mort, croise des êtres à la peau bleue à l’air ricanant. Et rencontre Laurel, femme mystérieuse qui le voit telle qu’il est et qui lui propose un voyage jusqu’à New York. David croisera dans son odyssée beaucoup d’êtres à la peau bleue, qui ont tous effectué un voyage avec Laurel et qui tous ont « chuté »… Quel est donc le destin qui l’atteint ? Et Laurel, que cherche-t-elle ?

 

Les oubliés

 

Qui voit les pauvres ? Les sans grades ? Les oubliés ? Personne et de ce constat part l’idée de Midnight Nation selon la postface rédigée par Straczynski qui livre ici un récit initiatique et d’amour. D’amour de David envers Son ex femme (il lui sauve la vie) et envers Laurel… Qui est Laurel ? Un ange ? Autre chose ? Le script très religieux (avec les références à l’apocalypse par exemple) de Straczynski pourra choquer, voire énerver certains lecteurs. Reste le dessin. Tour à tour suggestif et réaliste (on se demande s’il a fait des études préparatives à partir des masques du carnaval de Venise, Gary Frank livre une prestation graphique marquée par son époque (marquée par l’apogée de l’influence du studio Top Cow de Marc Silvestri, préparant l’encrage numérique) et en même temps assez dramatique (le découpage est très efficace). Au final, une mini-série plaisante à lire avec une réserve cependant : on est loin des réussites d’Alan Moore…

 

Sylvain Bonnet

 

J.Michael Straczynski & Gary Frank, Midnight nation,  traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alex « Nicolavitch » Racuinca,éditions Delcourt,  janvier 2014, 320 pages, 27,95 €

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