Le diable en personne, un vrai roman noir

De la musique à la littérature

Né en 1979, Peter Farris vit aujourd’hui dans le comté de Cherokee en Géorgie. Après sa licence, il devient musicien, sans rencontrer un grand succès. En parallèle, il gagne sa vie comme guichetier dans une banque de New Heaven, dans le Connecticut, jusqu’au jour où survient un cambriolage. Farris est frappé de voir que le braqueur opère sans jamais sortir son pistolet : il s’en souviendra lors de l’écriture de son premier roman, dernier appel pour les vivants (Gallmeister, octobre 2015), plutôt bien vu par la critique. Le diable en personne est son deuxième livre.

Le fou et la pute

Enfermée dans le coffre d’une voiture, Maya, jeune prostituée, va droit vers son exécution, pour avoir entendu des secrets…Elle profite in extremis du désir d’un de ses ravisseurs envers elle pour s’échapper dans les bois de Géorgie du Sud. Elle est malheureusement rattrapée et se prépare à être tuée... Quand un vieux fermier la sauve. Il s’appelle Leonard Moye et vit reclus dans sa ferme depuis la disparition de sa femme (qui continue d’être là à travers un mannequin qu’il trimbale partout). Leonard prend sous sa protection Maya, très surprise de constater qu’un homme est capable de s’intéresser à elle sans lui demander son tarif… Pendant ce temps, son mac, Mexico, décide de mettre les grands moyens pour la liquider : Maya en sait assez pour le faire coffrer lui et son complice, Le Maire, un politique sans scrupules qui était le grand client de Maya. Mais ils sont tombés sur un os : Leonard.

Une réussite éclatante

Le diable en personne, ne boudons pas notre plaisir, emporte l’adhésion dès ses premières pages. Farris a un don pour créer des ambiances lourdes, moites, pleines de terreur rentrée. Il sait aussi créer des personnages crédibles : Leonard et Maya forment un couple improbable et au final très attachant. Enfin, la description sans concessions de la collusion entre politique et crime organisé dans le Sud des Etats-Unis place Farris dans la lignée des grands du roman noir, tel Hammett ou Thompson. Un héritier digne de ce nom ? L’avenir le dira mais en tout cas, lisez Le diable en personne : vous ne le regretterez pas.

Sylvain Bonnet

Peter Farris, Le diable en personne, traduit de l’anglais par Anatole Pons, Gallmeister, août 2017, 272 pages, 20,50 €

 

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