"Par-delà le Styx", Aventures antiques

Une série classique

 

Jacques Martin (1921-2010), pilier de la bande dessinée franco-belge, a créé des personnages iconiques tels que Jhen, Lefranc et surtout Alix, le jeune gaulois devenu protégé de César et dont les aventures ont enchanté plusieurs générations de lecteurs. Contrairement à d’autres créateurs, Martin a tenu à donner ses séries à des auteurs (quitte à ce qu’ils en respectent l’esprit). C’est ainsi que, après Michel Lafon ou François Cortegiani, le scénariste Mathieu Breda et le dessinateur Marc Jailloux ont hérité de la série Alix (tandis que Valérie Mangin lançait de son côté l’excellent Alix Senator). Les deux auteurs respectent l’esprit insufflé par Martin, notamment sur son souci documentaire : reste à savoir si l’album proposé emporte l’adhésion.

 

En pleines guerres civiles, sauver un enfant

 

Rome au milieu des années -40 : Alix participe avec son ami Enak à des banquets à Rome. Lorsqu’il rentre chez lui, il trouve son pupille Heraklion (personnage hérité des albums Le dernier spartiate et le Dieu sauvage de Rome) en, pleine crise de colère contre les serviteurs. De plus en plus perturbé, ce Heraklion finit par provoquer des incidents à Rome… Marc Antoine convoque Alix et lui demande d’éloigner son protégé. Notre héros décide d’aller en Afrique et de ramener le jeune Heraklion auprès du général Astyanax, ami de son père et de sa mère. Mais Astyanax sert désormais comme mercenaire auprès du Roi Juba de Numidie, allié aux pompéiens adversaires de César qui se préparent pour la bataille de Thapsus…. Pour sauver Heraklion, Alix va devoir louvoyer entre les camps adverses…

 

Une reprise réussie

 

Ceux qui n’ont jamais aimé la série Alix ou le style de Jacques Martin ne changeront pas d’avis : cette critique n’est donc pas pour eux. On a affaire ici à un graphisme hérité de la ligne claire : Marc Jailloux livre un dessin encré précis, soigné et régulier. C’est bien simple, il ne doit pas être possible de faire plus proche du design originel. Il convient cependant ici de souligner le travail de documentation des auteurs. Ils réussissent à restituer l’ambiance religieuse de l’époque (tout chez les anciens était sacré, je renvoie aux travaux de Marcel Gauchet), à s’approprier certains éléments historiographiques (par exemple au sujet du suicide de Caton le jeune). Au final, l’enfant en quête de rêve, l’amateur de BD, le latinisant et l’étudiant d’histoire ancienne doivent lire cet album.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Mathieu Breda et Marc Jailloux, Par-delà le Styx, Casterman, novembre 2015 48 pages, 11,50 €

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