"1940 et si la France avait continué la guerre?" la mode de l'uchronie



Et si...


En 2010, Jacques Sapir, Franck Stora et Loïc Mahé ont fait paraître chez Tallandier un essai collectif qui relevait à la fois de l’histoire et de l’uchronie, sur la défaite de 1940. Leur but est simple : démontrer que continuer le combat en juin 1940 n’était pas irréaliste (contrairement à ce qu’avançaient les partisans de l’armistice menés par Pétain) et aurait pu sérieusement gêner l’effort de guerre nazi. Le trio a publié une suite s

ur les années 1941-1942 en 2012. Les choses auraient pu en rester là si le scénariste Jean-Pierre Pécau, spécialiste de l’uchronie en bande dessinée (on lui doit la série Jour J avec Fred Duval, USA über alles, etc…) n’avait décidé de s’inspirer de leur travail pour livrer une série sur le sujet. L’intérêt ici est de savoir le lecteur de bd et l’amateur d’histoire vont y trouve leur compte.

 

Juin 1940 : l’heure du choix

 

La comtesse Hélène de Portes sort de chez son amant, le président du conseil Paul Reynaud, résolue à aller voir Pétain pour pousser à l’armistice avec l’Allemagne. Mais la comtesse meurt dans un accident d’auto. Pendant ce temps-là, Yvon, officier dans l’aéronavale, rompt avec son amiral de père qui se dit prêt à faire la paix avec l’Allemagne, et va retrouver son amie Marianne. Ils vont chercher leur ami Jules, pilote, à l’aéroport du Bourget, bientôt plongé sous le feu des avions allemands… Jules s’en sort et les trois amis décident le lendemain de quitter Paris, déclaré ville libre.

 

Tandis que Jules rejoint  son escadrille (ou plutôt ce qu’il en reste), Yvon et Marianne partent dans l’avion de cette dernière. A court de carburant, Marianne fait atterrir son appareil près de Tours. Là, dans un château réquisitionné par l’armée, un conseil des ministres va se tenir sur la nécessité de continuer le combat. Yvon et Marianne apprennent  médusés que Reynaud et son collaborateur le général de Gaulle viennent de faire arrêter le maréchal Pétain…

 

Un graphisme bâclé

 

Jean-Pierre Pécau livre un scénario impeccable, bien construit qui prend mécaniquement le contre-pied de la réalité historique : de ce côté-là, rien à reprocher. C’est le dessin qui pêche. Autant les premières planches sont assez convaincantes, autant à partir du deuxième tiers de l’histoire le graphisme paraît bâclé, le trait à peine esquissé. Au final, un ensemble décevant donc malgré un scénario prometteur.

 

Sylvain Bonnet

 

Jean-Pierre Pécau & Jovan Ukropina, 1940 et si la France avait continué la guerre tome 1: le grand déménagement,  septembre 2015,  éditions Soleil, 56 pages,  14,95 €

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