Bertrand Puard, Requiem pour Cézanne : Un vernis délicieusement suranné

Juin 1908, alors qu’on inhume Émile Zola au Panthéon, son ami de toujours, Paul Cézanne, mort deux ans plus tôt, refait surface dans un Paris en proie à une sourde agitation sociale. Un inédit du maître provençal tombe entre les mains d’un marionnettiste lyonnais. Quelques rues plus loin, Lalie, jeune écrivain, feuilletoniste talentueuse, envisage de consacrer un roman au grand peintre, au désespoir de son éditeur…

 

La question est très simple : aimez-vous les Brigades du tigre ? Oui, vous m’avez bien compris, je parle de la mythique série télé des années 70. Alors, client ou pas client ? Un petit quelque chose me souffle à l’oreille une réponse positive. Alors vous voilà mûrs pour embarquer dans ce Requiem pour Cézanne qui ne trahira pas vos souvenirs télévisuels. On entendrait presque la ritournelle générique composée en son temps par Claude Bolling. Tout y est : des artistes louches, de riches étrangers, une héroïne aussi jolie que volontaire, des kidnappings comme on part en pique-nique et des commissaires moustachus aux ordres de Clemenceau. Jusqu’à la voix « off » finale qui vient démêler les derniers fils de l’affaire Cézanne.

 

Bertrand Puard mêle avec bonheur la modernité de la construction – haletante – et le vernis délicieusement suranné de ses personnages. Il se paie même le luxe, au passage, d’égratigner avec le sourire les mœurs de l’édition à la Belle époque, pour mieux faire résonner leur écho dans celles d’aujourd’hui. Cela faisait comment, déjà, la chanson du générique ?

 

Frédéric Mars

 

Bertrand Puard, Requiem pour Cézanne, Belfond, août 2006, 305 pages, 18,50 €

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