Pascal Praplan Cave : Prisons

S. est ce l’on a coutume d’appeler une « vieille fille ». À 38 ans, elle vit encore et toujours avec sa mère qui, sans autre but que son petit confort, la maintient dans un état de dépendance et de servitude qu’elle ne supporte plus. Ras-le-bol de trimer pour la nourrir. Ras-le-bol de son vieux chat. Marre de partager ses soirées et ses sempiternelles vacances au bord de la mer avec elle. S. ne connaît rien de la vie : ni les amis, ni les hommes, ni le plaisir. Heureusement, la bicoque qu’elles occupent toutes deux est dotée d’un vaste sous-sol. Assez grand y descendre tout son vieux mobilier et recomposer un « abri » décent. Heureusement, il y a Simon, son collègue, dont elle se plait à rêve qu’il vient habiter avec elle ce vieux pavillon qu’elle remet à neuf. Ne demeure qu’un obstacle, sa mère.

 

C’est la rencontre attendue de cette cave et de cette mère cloîtrée que Pascal Praplan nous distille en 200 courtes pages, tendues et nerveuses. Tendues comme le désir de S. Nerveuses comme ses relations mère-fille aussi muettes que venimeuses.

 

A l’image des meilleurs Chabrol, l’intérêt réside moins dans les ressorts et le dénouement, somme toute assez convenu, que dans cette sensation de trancher net les fibres de leur relation, de tailler au couteau dans le « maigre » de leur haine ordinaire. Et, pour finir, cette sensation que nous laissons tous derrière nous une cave, habitée par nos peines et notre culpabilité mêlées…

 

Frédéric Mars

 

Pascal Praplan, Cave, Belfond, octobre 2006, 204 pages, 16 €

 

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