Bernard Dufour : préférer Martine à Marine

                   

 


Bernard Dufour, « Martine »,  coll « Erotika », Chez Higgins, Montreuil, 200 E...

 

Pour Bernard Dufour la dénudation devient la nudité, l’inverse est vrai aussi : c’est là selon lui la seule vérité, la vérité de la jouissance partagée. Où peut en effet être découverte son inavouable présence sinon dans la saisie du corps de la femme en sa volupté ?  Voilà ce qu'il en est pour Dufour d’aimer : le pouvoir de montrer comme pour penser tout haut en arrachant le voile sur la nudité. Le plaisir n’échappe donc pas à la vue. Et le regard sur « Martine » devient la réponse à l’abyssale communion des corps juste avant qu’il retourne - hors caméra - à l’état de duo indivisible, invisible, insanctionnable, imprenable.

 

Certes l’amour ne s’atteint pas par la photographie mais celle-ci consent à cet émoi comme s’il existait en elle l’autre du langage plastique. Il permet d’étayer l’amour dans un jeu de connivence entre l’artiste et son amoureuse. Elle devient lieu du lieu, seuil unique de la présence - complicité du souffle et de l’image. Et si la pensée qui porte vers  Martine reste liée au secret, il devient pour le regardeur non un  os de seiche mais un jeu de guipures. Elles se savourent comme des fruits dont la pulpe est un nouveau matin du monde. Voir l’aimée c'est entrer dans ses vagues, son sourire. Elle est le désir de la  photographie et le plaisir du monde au sein d’une "remotio "qui vaut toutes les phrases par sa « remontrance ».

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

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