"Ugly" Betty Tompkins

Souvent les mots accompagnèrent les images de Betty Tompkins. Si sous le titre de Fuck Paintings elle interpréta les images pornographiques dont elle s’inspire sans être inquiétée, il n'en fut pas de même pour ses Cunt Paintings et Kiss Paintings dans lesquels déjà le sexe était dévoilé et omniprésent : elles furent présentées recouvertes d'un censored.

Payant le prix de ses audaces l’artiste est tombée longtemps en disgrâce et presque dans l’oubli. Désormais elle revient de manière très présente sur la scène artistique US et européenne. Son exhibitionnisme très particulier et expressionniste est enfin compris. Il n’en demeure pas moins que certains voient toujours en l’œuvre un corpus diabolique, malveillant, ordurier.
Betty Tompkins n’en a cure : au besoin elle en rajoute un peu. Dans sa dernière série les pénétrations sont traitées en une approche hyperréaliste noir et blanc. L’évidente radicalité tient pourtant à une paradoxale abstraction dans la mesure où l’artiste serre la mécanique des scènes au plus près dans un grossissement démesuré.

L’effet de très gros plan provoque une mise en abyme. Amants et/ou partenaires sont réunis uniquement par où ça (se) passe. Si bien que les réputés pornographes que furent ou sont les Bellmer, Fautrier, Maccheroni et Serrano trouvent avec Betty Tompkins une uggly Betty néanmoins belle et des plus inspirées.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Betty Tompkins, Talking Talking Talking, Freize et Freehouse, Londres, du 30 septembre au 9 novembre 2019

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