L’Aurès algérois en 1935

Se tient jusqu’au 16 avril 2018, à Montpellier, l’exposition consacrée à l’Aurès algérois dont voici le catalogue. C’est fin 1934 que deux jeunes chercheuses menèrent une mission pour le musée d’ethnographie du Trocadéro. Armées de leur Leica et d’un Rolleiflex elles prirent plusieurs milliers de clichés. Qui furent par la suite oubliés. Perdus durant la Seconde Guerre mondiale. Et tout juste retrouvés au début des années 2000. De quoi nous permettre de découvrir la vie des Chaouia. Perdus dans ce massif montagneux à la lisière du Sahara, ces berbères vivaient selon les règles ancestrales d’une économie uniquement agropastorale.

Thérèse Rivière et Germaine Tillion restèrent deux ans dans cette région isolée. Puis revinrent à plusieurs reprises par la suite. Elles tissèrent des liens fiables et solides avec les populations. Elles purent donc pénétrer les arcanes de la société. Et témoigner par l’image. Témoignage distancié sur la réalité d’un territoire sous domination coloniale. Mais aussi témoignage précieux sur la pratique ethnographique de cette époque…
Se basant sur la célèbre mission Dakar-Djibouti (1931-33) de Michel Leiris, les deux jeunes femmes eurent comme mandat d’observer, de décrire et surtout d’apporter une contribution efficace aux méthodes de colonisation en vue d’une collaboration plus féconde et plus humaine, et d’une exploitation plus rationnelle des richesses naturelles

La découverte du portfolio donne d’emblée le ton de ces clichés. Sobres. Émouvants. Descriptifs. Il en ressort un profond dénuement. Voire une pauvreté non dissimulée. On peine à imaginer l’exacte réalité. On redécouvre un aspect oublié d’une société colonisée aujourd’hui disparue.
À l’époque, l’oasis de Biskra était fort prisé par les esthètes. Dès 1902, l’opérateur des frères Lumière, y réalisa de remarquables vues pour le Photorama – un éphémère procédé de projection à 360°.

Cette terre n’était donc pas totalement inconnue. Les indigènes attiraient les riches oisifs férus d’aventure. Laquelle se termina dramatiquement dans la paupérisation. Puis la guerre acheva l’histoire de cette région. Dont l’origine désormais ne demeure qu’imprimé sur du papier.

Annabelle Hautecontre

Christian Phéline, Aurès, 1935, broché, portfolio de 120 photographies noir & blanc de Thérèse Rivière et Germaine Tillion, 270 x 240 Hazan, février 2018, 144 p. – 24,95 €

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