Pas de bras, pas de chocolat : la manne aux cultes

Dans mon immense naïveté, je me suis toujours demandé comment quelque chose devenait « culte ». Existe-t-il un comité secret qui se réunit à intervalles irréguliers et, après de savantes délibérations, décrète que tel film, telle série ou telle réplique est culte ? Sur quels critères ? Quelles foutues conditions faut-il remplir pour avoir le droit d’être estampillé « culte » ? Si j’en crois le bon vieux Petit Larousse de ma jeunesse « se dit de ce qui suscite l’enthousiasme d’un public généralement restreint (film culte) » Maigres indications. Quel public ? Restreint jusqu’à quel point ? Deux admirateurs suffisent-ils à rendre un film culte ? Tout cela reste très confus.


Mais je fais semblant de gloser alors que je sais pertinemment que la notion de « culte » est devenue strictement commerciale. Tout le monde peut poser son culte où bon lui semble et annoncer d’une voix forte que « ceci est culte ». Le culte fait vendre, dit-on.


- Raconte moi une histoire
- va te faire foutre !
- Oh, c'est ma préférée !

48 heures de Walter Hill


Que l’on ne croit pas que je crache dans la soupe et fasse la fine bouche face aux (nombreux) livres reprenant des citations de films. Je serai bien mal placé car j’en ai moi-même commis quelques-uns et, hélas, ce n’est pas fini. Le jeu est amusant et repose sur des critères purement subjectifs. « Répliques cultes » ou « répliques les plus drôles », même bateau. Chacun y met ce qui lui plait ou ce qui l’amuse (ce qui n’est pas forcément la même chose).


En l’occurrence, François Jouffa (oui, celui de La Bonzesse et de La Michetonneuse) et Frédéric Pouhier ont sélectionné 400 répliques de cinéma (et de télévision !) qu’ils exhibent sous nos yeux amusés. Pas de classement mais un joyeux fourre-tout qui permet de passer d’un concept à un autre voire d’un humour à un autre.


Comme on pouvait s’y attendre (ou le craindre ?), Michel Audiard se taille la part du lion et de loin. Sans lui le bouquin se réduirait à un fascicule. Il est vrai qu’après Prévert et Jeanson, il a révolutionné l’art du dialogue et ouvert des portes dans lesquelles des centaines de scribouillards se sont engouffrés. Même les Américains s’y sont mis, mais eux sont plutôt les héritiers de Groucho Marx. Loin derrière le sieur Audiard (en quantité mais non en qualité) on retrouve des habitués de ce genre d’exercices : Francis Veber, Gérard Oury et la bande du Splendid. Plus un peu de Pagnol, un peu de Yanne. Bref les classiques du genre. Toutefois les auteurs ont eu la curiosité de déterrer quelques pépites moins connues, notamment du côté américain.


Si je ne devais retenir qu’un seul échange, je choisirai celui de la page 188. Il concerne The Artist et se retrouve ainsi libellé :


- …

- …


Il fallait oser. Ils l’ont fait !


Par contre, je conseillerai à messieurs les auteurs de relire les épreuves qu’on leur soumet pour gommer les fautes d’orthographe et/ou de grammaire qui y traînent (d’autant que 400 répliques ça se relit vite).


Cherchez l’erreur :


- Etes-vous en train de pirater une base de données gouvernementale ? Est-ce légal ?

- Bien sûr que non. Nous irons en prison et voit deviendrez le petit protéger de quelqu’un.

Esprits criminels


Enfin pour clore ce chapitre et même ce livre, pour moi le meilleur gag se trouve derrière, sur la couverture. Tout en bas à droite, il est marqué :


RAYON LIBRAIRIE : HUMOUR


Au cas où nos amis libraires iraient placer cet ouvrage au rayon ésotérisme ou (pour certaines grandes surfaces) au rayon poissonnerie. Mais, comme dirait qui vous savez, « les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait » !


Philippe Durant


François Jouffa et Frédéric Pouhier, Pas de bras pas de chocolat… et 400 autres répliques cultes du cinémaEd Tut-tut, octobre 2012, 222 pages, 6 euros


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3 commentaires

Franssois Joufat@Filippe Durand : Merssi d'avouar Kroniquer not bookain (le korecteur de fote ait en pahne).
Amitiés confraternelles.

Sérieusement, vous devez disposer d'un exemplaire "Collector", car les lignes suivantes n'existent pas dans notre livre :

- Etes-vous en train de pirater une base de données gouvernementale ? Est-ce légal ?

- Bien sûr que non. Nous irons en prison et voit deviendrez le petit protéger de quelqu’un.

Esprits criminels 

 -----------------

En 4e de couverture de notre livre, on ne trouve pas non plus cet argumentaire (amusant) :

RAYON LIBRAIRIE : HUMOUR

Au cas où nos amis libraires iraient placer cet ouvrage au rayon ésotérisme ou (pour certaines grandes surfaces) au rayon poissonnerie. Mais, comme dirait qui vous savez, « les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait » !

Cher François,

Un auteur qui accepte la critique avec humour constitue un spécimen suffisamment rare pour être mis sous globe. D’autant plus rare que vous constituez le premier auteur à réagir, alors que jusqu’à présent je me trouvais meurtri par l’impression de prêcher dans le désert. Pour ce fait, permettez-moi de vous saluer bas.

D’autant plus bas que je me dois de battre ma coulpe. En effet, dans ma précipitation à vous attribuer des erreurs, je vous en ai flanquées qui ne sont pas de votre fait mais du mien. Dans la réplique citée d’Esprits criminels vous n’avez point écrit « et voit deviendrez le petit protéger de quelqu’un » mais « et vous deviendrez le petit protéger ». Ne reste qu’un « r » encombrant pour un verbe qui n’a pas sa place ici. J’en profite ignominieusement pour souligner que page 75 vous écrivez « Touche pas au grisby, salope ! » avec un y qui fait passer le grisbi pour un grizzly et qui froisse ma susceptibilité d’audiardophile.

Quant à posséder un ouvrage collector, j’en serai ravi. Et j’en remercie votre sémillante attachée de presse qui a voulu me caresser dans le sens du poil. L’ouvrage aurait été encore plus collector s’il avait bénéficié d’une dédicace soignée par ses deux auteurs. Néanmoins, la critique susdite émanant d’Esprits criminels se trouve page 202 de l’exemplaire que j’ai reçu. De même la notion « Rayon : humour » figure bien tout en bas à droite de la 4ème de couverture. Je tiens à votre disposition un scan de ladite.

Que tout ceci ne m’empêche pas d’attendre avec impatience vos prochains écrits.

Je vous retourne avec déférence vos confraternelles salutations.

Pour clore ce chapitre dans la bonne humeur, permettez-moi de vous suggérer une autre réplique issue de la sérieEsprits criminels (épisode Péchés mortels)

- Assistance technique, j’écoute.

- Je viens d’acheter un ordinateur et je n’arrive pas à avoir le moindre son.

- D’accord monsieur, je vais vous aider. Quel genre d’ordinateur avez-vous ?

- J’en sais rien ! Un gros.