Monolith, the rise of the Golem !

La maison est isolée, toutes les constructions voisines ont été vendues pour laisser la place à un chantier navale qui n’a pu voir le jour, tant Alice s’est opposé opiniâtrement à vendre. Maintenant, seule au milieu d’une friche, la maison attend. C’est la petite-fille, qui s’appelle aussi Alice, qui hérite de la maison avec une close particulière : ne jamais la vendre. La jeune femme, junkie, s’y réfugie, pour échapper à la rue et à Prince, un proxénète violent qui veut sa peau. Au sous-sol, une voix dans le mur lui demande de rester et de faire la lecture, et dans la pile des livres entassés elle trouve le carnet de sa grand-mère, qu’elle commence à lire. Ce qu’elle va découvrir, sur sa grand-mère et sur cette voix, va changer sa vie.

 

Alice Cohen vivait petitement dans un quartier misérable pendant la grande dépression. Le quartier, fait d’ateliers et de masures, était contrôlé par des bandes qui n’hésitaient pas à brûler les bâtiments pour assurer leur maîtrise et leurs trafic d’alcool. Parce qu’il est un peu trop curieux, le fiancé d’Alice est abattu. C’est ce moment que choisi son ami le rabbi Rava pour la conduire dans un tunnel secret et, avec le cadavre du fiancé, il se propose de sauver le quartier et d’éradiquer la violence : il va créer, à l’aide du livre d’Abraham le Sefer Yetsirah (1) dont il a rapporté une copie de la bibliothèque de Prague avant de fuir pour l’Amérique, un golem. Le sang du fiancé va servir à animer, grâce à la formule consacrée, immense créature née pour combattre le mal.

 

C’est ce golem qu’Alice découvre enfermée dans le mur. Et c’est elle qui va le libérer, pour sauver sa vie car Prince a retrouvé sa trace et va la tuer.

 

Le premier tome de Monolith, La Voix dans le mur, met donc en scène la jeune Alice et son garde du corps très particulier, Manière de Hulk gentil, dont on apprend l’origine par le récit de la vieille Alice.

 

L’album est très sombre aussi bien par le trait que par le récit et met en avant les thématiques des polars urbains. Même si Winslade est meilleur dans le Noir & blanc, la profondeur de ses illustrations imprègne cet album. A noter que la série originale fait apparaître dans quelques épisodes Batman et Gotham City, qui disparaîtront très probablement ici (question de droits...), mais l'ambiance est en effet très Gotham, ville gangrénée par la violence et la criminalité. 

 

Loïc Di Stefano

 

Jimmy Palmioti & Justin Gray (scénario) – Phil Winslade (dessin), Monolith, tome 1 : La Voix dans le mur, Delcourt, août 2013, 96 pages, 13,95 eur 


(1) Livre ésotérique de la tradition juive, dit aussi Livre de la FormationYetsirah signifie aussi œuvre, création. On peut en lire une version française, mais bien sûr la formule de création du Golem ne nous est pas directement accessible...

2 commentaires

Bonne chronique, qui donne envie, Maître Loïc. Intéressant comme histoire, ce mix (osé) entre  vieille maison hantée, junkies, proxos ultraviolents  et mythes juifs venus du fond des âges, le tout dans un décor pourri de ville deshumanisée  et peuplée de tarés à la " New York 1999 "(le film).
J'espère juste que le Golem leur explose  grave la tronche à la fin, à cette caillera! (ben oui, c'est de la BD pour ados, je ne vais pas parler comme un livre, quand même!).  Tiens, je vais aller le lire en douce chez Gibert, ça me rajeunira...

Proutch, vous ne serez pas déçu dans votre soif de violence !