Denis Ferdinande a pour but de donner à penser voire à rêver mais pas n'importe comment. Virgulées ses phrases et les citations incises plutôt que d'enferrer la pensée permet justement au rêve d'en sortir. Si bien que l'écriture devient à la fois stupéfiant et parfois stupéfiante dans ce livre d'audace dense par ce qui n'est là que pour engager une distinction – mais là encore pas n'importe laquelle.
La question de la valeur de celle ci passe ici par le fragment mais qu'il faut savoir prendre tel qu'il est car son orientation n'est pas donnée d'avance là où la citation sans codicille a toujours un rôle important à jouer. Dans sa confrontation avec le texte en propre de Ferdinande se précise entre ce qui peut être pris pour l'original et son double toute une suite de relais et d'étirements.
C'est aussi une manière d'éventrer le logos et créer des possibles par ce qui tient d'un passage en force et d'un effondrement. L'efficacité du texte ne s'arrime pas que par la solidité de ses parois mais en ses agencements. Preuve qu'en ses 659 propositions la fluctuation de l'écrit devient ici une chose vivante.

Jean-Paul Gavard-Perret

Denis Ferdinande, Combinaisons, L'Atelier de l'Agneau, juillet 2023,  198 p.- , 23€