Monsieur R le montreur de merveilles

                   

Monsieur R a la politesse exquise de rester soigneusement loin de ceux qui n’arrêtent pas de dessiner. Il a la coquetterie de l’improduction. Ce qui ne l’empêche pas de violer les images publicitaires à l’aide de demoiselles à peine nubiles ou de modèles plus âgés qui - sortant de recoins d’alcôves - viennent arquebuser les avantages du Maroille ou du chocolat Poulain. Sur des fonds blancs et au dessus de devises marketings (mais d’un temps suranné) Monsieur R dépose ses prises pour montrer l’inanité de la présence du sexe dans la publicité.

 

Soignant le mal par le mal, et le mâle par ce qui le titille, il s’amuse en guetteur d’éclairs, en confident de lunes montantes. Les femmes se dédoublent à l’ancienne, assises parfois sur une chaise peu corinthienne. Carabosses sexy des pieds de nez elles plastronnent en croqueuses de coqs qu’elles rafistolent de leurs zigzags. Monsieur R crée des dimanches à l’ancienne dans ses carrés où les bichettes poussent dans leurs abîmes les regardeurs. Ils entrent  sur la point des pieds par une porte dérobée. Le velouté des publicités retrouve la succulence du passé, sans calcul et sans jugement, les yeux dans les yeux jusqu’à la fleur inexprimable de la découverte. Quelle qu’en soit la matière, le cellophane et le fumet.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Monsieur R, Pickpocket, Editions Derrière la Salle de bain, Rouen, 8 euros.

 

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