D'une certain féminin de l'être : Anaïs Genot

Les lapines, chatttes ou oursonnes d’Anaïs Genot sont parfois des solitaires. Elles ne sont pas faites pour les narcisses ascètes ni pour les déviants sexuels sous blancs mentaux. Certes dans ces trois livres l’artiste est plus délurée que dans ses productions habituelles (même si  ses Paulette  punkettes créent  ailleurs des fièvres qui ne montent pas qu’à El Paso). Ces vénérables lapines et chattes sont des coquettes en fonte et n’ont rien de moulantes à café. Elles jouent les équilibristes, des gourmandes peu portée néanmoins sur les sucettes à l’anis. Elles restent des rêveuses,  des choutes de Bruxelles, des maladroites de bonne volonté qui jouent les violonistes d'Ingres, les empourprées sous un duvet qui ne s'épile pas. Parfois en voilette aussi violette que du Ferney-Branca elles deviennent les miroirs de celle qui - les dessinant - reste leur prince sans rire. S’il n’y a rien chez elle de Jennifer Lopez ces poupées animales ont néanmoins du chien. Nullement Marie-Madeleine de Commercy elles séduisent si ostensiblement qu’elles pourraient - plus tard - faire des vagues dans Vogue en offrant à la bienséance du fil à retordre. Bouclant la perversité elles lui font déjà une permanente. Leur sage élégance vestimentaire charme et leur beau cou plait. Face à ces désarmantes les canards rient jaune et les  chasseurs posent les armes. L’artiste en fait donc bien plus que de simples abstractrices de quintessence : ce sont des digitales sensitives, des dures de la feuille de laitue. A bonnes entendeuses salut !

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Anaïs Genot : « Trois livres », Editions de la salle de bains, Rouen, 15 Euros.

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