Blacksad Amarillo, la poésie le long de la route 66

Tout le monde a déjà été en recherche de travail. Envoyer des CV est probablement l'activité la plus passionnante qu'y n'ait jamais été inventée par l'être humain. Mais pour Blacksad, c'est sûrement pire : le domaine du privée est un peu dans une impasse pour l'heure. Sans compter que notre chat commence à faire son difficile en parlant de ses revendications avec une mine de six pieds de longs : pas de balles à esquiver et pas de cadavres. Le malheur est trop présent à son goût autour de lui, alors pourquoi ne pas changer de métier ? Chauffeur sans passager d'une sublime Eldorado de la Nouvelle-Orléans à Tulsa, le voilà en pleine reconversion professionnelle.


Un job de rêve, tranquille, qui fait voir du pays, tout frais payés. Hélas, un problème reste à relever : la malédiction ne s'éloigne pas d'un coup d’accélérateur. En se faisant voler la voiture par deux poètes junkies qu'il avait tentés de sauver, bon samaritain qu'il est, d'un sale quart d'heure, Blacksad retombe dans le monde du crime. Son monde. Il n'a plus, alors, qu'à se lancer à leur recherche le long de la mythique route 66.


Diaz et Guarnido ont enfin rempilé. Voilà les propos qu'on tenus tous les fans du célèbre détective. Blacksad 5 est arrivé et c'est avec fébrilité que beaucoup ont parcouru les planches d'Amarillo. Nous en avons été mais avons pourtant attendu avant d'écrire ces mots. Car ce cinquième tome offre une fois encore un tournant à la série et nous devions trouver les mots juste pour vous en parler.


Reprenez rapidement l'histoire de cette publication. Un premier tome acclamé, incroyablement surprenant : un scénario classique mais une narration et un dessin formant une parfaite alchimie. Les trois Blacksad suivants, eux, continuèrent sur l'excellence visuelle pour y rajouter des histoires complexes : les bases posées dans le numéro un, il fallait accélérer l'ensemble et entraîner le lecteur dans l'univers des privés affrontant le monde des États-Unis de l'époque tout le critiquant au passage.

Et une fois le lecteur prêt, le Blacksad 5 apparaît. Un opus dont le héros n'est plus qu'un simple observateur d'un drame tragique où les fils s'imbriquent en une complexe pelote de laine... De quoi laisser beaucoup de nos collègues critiques étonnés. Au point que certains voient cet album comme une régression scénaristique, un épisode plus faible que les précédents opus. Ils y oublient, à notre humble avis, toute la puissance des personnages qui se déploient dans la galaxie de notre chat noir. Ce sont eux qui forment l'histoire et le héros nous permet de les découvrir. Exit le privé valeureux et intelligent trouvant toutes les solutions aux différentes intrigues que le scénariste lui soumet : il y a là un homme qui en côtoie d'autres. Par moment il s'impose comme le leader de l'aventure, souvent il y assiste.


De ce fait, nous obtenons un ouvrage bien plus intéressant où les Parques s'acharnent sur un pauvre lion poète-maudit. Sous la lueur d'un soleil magnifique, derrière un dessin toujours aussi splendide, Amarillo est le combat de nombreux hommes ordinaires dont les vies se mélangent pour le meilleur et pour le pire. Autour de Blacksad, c'est souvent le pire...


Pierre Chaffard-Luçon


Diaz & Guarnido, Blacksad : Amarillo, Dargaud, novembre 2013, 56 p. - 13,99 €

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