Olivia-Jane Cohen a le don pour les amours ni ratées ni illicites. La façon  d'aborder le sujet n’est pas anecdotique. L’aventure de son héroïne est offerte de manière délicate, impertinente, profonde, drôle aussi et bien sûr sensuelle, érotique.
De telles histoires forcent en effet à explorer des géographies étranges. Les amants découvrent des lieux du sud dont sans leurs amours ils auraient tout ignoré. Et cette manière de raconter redonne consistance aux rencontres.
Nous devenons bien plus grâce à l'auteure que les voyeurs des tourtereaux. Les paysages sous le soleil sont plus pertient que l’habitacle d’une voiture, un salon de thé, une chapelle, une chambre d’hôte. L’amour redevient bien mieux  qu' un cinq à sept, parfois. Il est plus long et à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.
Existe dans cette rencontre une manière de vivre sans pour autant négliger une dose d’amertume. Mais comme souvent la femme voudrait plus et l’homme se contenterait de moins. La première serait prête à tout révéler, L'auteure expose combien les géographies finissent pas écraser les sentiments. Car cette illumination passagère conduit au cœur des ténèbres.
La romancière  nous renvoie à un univers connu par beaucoup. Elle fait des amants des rescapés trop vite abandonnés par leur rêve là où tout finit  en des traces frugales. Elle permet aussi de comprendre ce que souvent on n’ose affronter de face : non l’histoire elle-même mais des données pipées par  une capacité au double langage. .
Il y a là des moments rares. Olivia-Jane Cohen les rend visibles. Son héroïne a trouvé quelque chose qui n’appartient qu’à elle. C’est pourquoi à sa manière l’auteure agit comme une enchanteresse en sa  théâtralité du commencement qui installe un univers profond : un rêve si l’on veut. Mais peu à peu il s’assèche à travers des paysages  mais ils forment un horizon mystérieux.

Jean-Paul Gavard-Perret

Olivia-Jane Cohen, L'immédiat, Douro éditions, février 2024 132 p.-, 19€