De son passage à 18 ans au cirque Roncali Ellen Von Unwerth a gardé le gout des mises en scène exubérantes. Elle y fut repérée mannequin potentielle.  Après une décennie sur les podiums elle est passée derrière les caméras pour expérimenter un travail formel. Elle devint une des photographes stars chez Vogue, Vanity Fair, Interview, The Face, Arena et I-D  et pour des campagnes publicitaires de Diesel, Chanel ou Miu Miu. La plasticienne a immortalisé les plus belles femmes du monde et fut la première à photographier Britney Spears nue. Ellen von Unwerth aime noyer le regard du voyeur en le « pliant » dans le courant dévié de la lumière. Chaque prise n’indique pas vraiment le lieu du corps : il l’expose en énigmes comme en dessous chics. Exit de manière obviée le dogme chrétien de la Révélation : la figuration est autant sous la surface que dessus. La visibilité est à l’état liquide au moment où l’image par immersion se tord et prend un caractère ludique. Elle ne se veut plus la maison de l’être sinon celle où le charme prend de nouveaux arcs.

Grain, cadrage serré et décalé, couleurs vives ou à l’inverse le noir et blanc des photographies offrent un regard différent sur la femme. L’artiste crée une scénographie érotique subtile et kitsch. Ses modèles s’amusent avec le fétichisme qu’elle met en scène selon un principe esthétique simple : « l’appareil photographique aime son modèle, ce dernier doit non seulement le séduire mais lui faire l’amour » dit-elle.  Connaissant les femmes de l’intérieur elle donne de leur sexualité une image différente de celle qu’attendent les hommes comme de ce que proposent les photographes mâles.  C’est sans doute pourquoi ses modèles aiment travailler avec elle. Elles se sentent à l’aise et non femmes-objets. Elles ne sont plus des oiseaux et  trouvent un malin plaisir à afficher leur côté provoquant et sexy sans se prendre au sérieux.

Jean-Paul Gavard-Perret

Ellen Von Unwerth, La Galerie de l'Instant, 46, rue de Poitou, 75003 Paris