Éric Fottorino & la révolution Marina Abramović

À travers le portrait de l'artiste et performeuse Marina Abramović, Éric Fottorino étend sa réflexion sur le rôle de l'art. Et ce, par une fiction. Le roman se déroule en Italie – pays par excellence de la recherche du beau par l'apaisement.
Le narrateur (le médecin Paul Gachet) va perdre l'objectif initial de ce voyage culturel et touristique lors de sa rencontre imprévue avec la créatrice serbe. Il se retrouve attiré par son travail et va à sa rencontre. D'où une sorte de dialogue entre les deux.
Le soignant voit sa vision du monde modifiée par un autre type de soignante et lanceuse d'alerte. Elle paie de  son corps  jusqu'au risque de se tuer. En tant que médecin il reste d'abord suspicieux face à la monstration d'une telle souffrance auto-mutilante avant de comprendre que de telles scènes de violence ont pour objectif un partage, une empathie en une quête de vérité.

Celui qui ne connaissait jusque là rien à l'art contemporain est interloqué et chamboulé tant les performances sont impressionnantes. Elles créent par le danger, une addiction, une dépendance où tout est fondé sur le souci de prendre soin de l'autre. Et l'auteur en ramène entre autre la genèse et la progression.
Marina vient chercher les regardeurs au fond de leur âme et ce jusqu'à la fameuse performance du Moma en 2010 où elle se confronta à 750 000 visiteurs dans un face à face privé d'une minute avec chacun d'eux. Existe là un partage privilégié du bien le plus précieux : le temps.

Au fil du roman le narrateur comprend et donne à partager dans une vision – un  rien didactique mais utile à ce qui connaît pas un tel travail – de ce que l'art peut proposer : un don, un rapprochement. Marina Abramović le  crée contre tout nettoyage (ethnique ou autre). Une telle esthétique actionniste n'a donc rien de gratuite. Bien au contraire. Si bien que le roman lui-même est du même tabac. ll donne même au temps de confinement actuel une nouvelle dimension par la réflexion qu'il induit et les situations qu'il dispose..

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Eric Fottorino, Marina A , Gallimard, janvier 2021, 176 p.-, 16 €
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