Balzac occulte, une étude magistrale

Directrice de la Maison Honoré de Balzac et auteur de sept livres sur le créateur de la Comédie humaine, Anne-Marie Baron s’est penchée sur les liens nombreux et complexes que l’écrivain a noués avec les sciences occultes. La simple lecture de Seraphita ou de L’Histoire des Treize permet de se rendre compte à quel point Balzac, qui se réclamait ouvertement de « la religion de Saint Jean »,  a fantasmé sur le rôle des sociétés secrètes. Comme tant d’autres à son époque, en révolte contre le positivisme ambiant, le légitimiste Balzac se passionnait pour le magnétisme et en fait pour tous les arcanes de l’occulta philosophia. Alchimie spéculative et opérative, science des correspondances cosmiques et syncrétisme littéraire - bien davantage qu’une doctrine dogmatique - nourrissent et stimulent sa création. À l’issue d’un impressionnant travail de quête des sources, A.-M. Baron repère nombre de ses réminiscences, de Jacob Boehme à Swedenborg, qu’il appelait « le Bouddha du Nord », des théosophes à Martinès de Pasqually. L’ouvrage foisonnant qu’elle propose, préfacé par Antoine Faivre, témoigne de la cohérence du dessein balzacien : réinventer une mythologie hermétique (plutôt que de se contenter de transmettre un savoir estampillé) dans une optique à la fois mystique, par l’appel à « la vraie doctrine », et littéraire, par le jeu permanent entre occultation et dévoilement. Une étude magistrale.

 

Christopher Gérard

 

Anne-Marie Baron, Balzac occulte. Alchimie, magnétisme, sociétés secrètes, L’Age d’Homme, "Océan noir", 326 pages, 24 €

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