Bruno de Cessole, L’Internationale des francs-tireurs : une passion pour les schismatiques et les réprouvés
Il nous revient avec… la suite : quarante-six portraits d’écrivains étrangers (douze langues), qui, d’Orwell à Nabokov, proposent un véritable tour du monde libertaire et aristocratique. Tous anarques et souverains, irréguliers et insoumis, présentés sur des tons qui varient selon la personnalité de chacun, d’où l’absence totale de… monotonie. J’y retrouve les réflexes vitaux de Cessole : ce refus des dogmes et des prudences, ce dégoût pour les préjugés, sa passion pour les schismatiques et les réprouvés. Surtout, un peu comme au bar d’un club anglais, je retombe sur quelques old boys parfois perdus de vue : Nicolas Gomez Davila, quintessence de l’esprit antimoderne et « Cioran des antipodes »; Gregor von Rezzori, hobereau de la Double Monarchie ; Jünger, que ce veinard a pu rencontrer à Wilflingen ; Durell, avec qui il a bu du Fitou à neuf heures du matin ; Burgess, « l’anarchiste thomiste » ; Bernhard et Borges… Et von Salomon, et Conrad ! Quelques absences, assumées, viennent préciser le portrait en pointillé qui se dégage de l’ensemble. Mais, pour l’essentiel, « la famille », comme disait Vladimir Dimitrijevic, à qui le livre est dédié en compagnie de Joachim Vidal, un autre seigneur de l’édition. Des pistes de lecture pour des années, un compagnon pour les nuits trop longues, un cordial pour les fins d’hiver.
Christopher Gérard
Bruno de Cessole, L’Internationale des francs-tireurs, L’Editeur, octobre 2014, 600 pages, 22 euros.
Entretien avec Bruno de Cessole sur le site de Christopher Gérard, dont provient cette critique.
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