Eugène Ionesco : le peintre en roi nu

Il  est arrivé un moment (de crise) où Ionesco opta pour la peinture car elle est silencieuse. Tout se passa comme si l’auteur (à l’époque vilipendé et contesté) en avait assez des mots, du bavardage, de l’écriture, des interprétations des acteurs, des metteurs en scène. Ce fut, d’un coup, un débouché et une découverte. Il trouva une grande sérénité, un grand calme dans la peinture en opposant les couleurs de manière fractale pour sortir de son propre mal et de ce qu’il nomma « la catastrophe universelle ».

Sans technique préalable mais encouragé par  Max Bill, Antoni Tapiès et Viera da Silva il osa le pas au-delà de la littérature. La dernière citée estima que les « peintres professionnels » n’oseraient plus créer comme lui « un homme maison, mais avec les jambes extrêmement longues d’un arlequin disloqué, des figures grotesques ne tenant pas compte des lois du dessin ».

Il existe sans doute une correspondance entre son théâtre et sa peinture même si elle ne saute pas aux yeux.  Sans doute il existe dans les deux médiums  une sorte de joie. Elle  émarge de l’horreur au sein de danses extravagantes entre le noir et le blanc.

Jean-Paul Gavard-Perret

Eugène Ionesco, « Le blanc et le noir », Collection L'Imaginaire, Gallimard, Paris, 2017

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