Silas Corey, détective et espion... selon l'employeur

Ancien agent des service de renseignement, Silas Corey s'est reconverti en détective privé quand il est démobilisé. Nous sommes en 1917, Georges Clémenceau livre une guerre politique sans merci à Joseph Caillaux, alors président du conseil. Et c'est au milieu de cette querelle que va être plongé le plus habile et le plus corruptible des agents.

Un journaliste a disparu alors qu'il enquêtait pour le compte du journal de Clémenceau, L'Homme enchaîné, alors qu'il venait d'appeler pour dire qu'enfin il tenait la pièce qui allait faire tomber une industrielle qui vend des armes à tous les belligérants, et, par elle, Joseph Caillaux lui-même. Clémenceau appelle donc Corey à la rescousse et lui propose de reprendre l'enquête. Ce qu'il va accepter, tout comme accepter également de mener l'enquête également pour le gouvernement et pour... l'industrielle elle-même. Trois salaires valent mieux qu'un ! 

L'enquête est très bien menée, prenante et pleine de rebondissements sans que la narration ne soit trop chargée. L'humour est omniprésent et participe à rendre le personnage très attachant.

— L'agence Corey a été fermée, après qu'un de vos clients vous a retrouvé au lit avec sa femme.
— Mon client souhaitait prouver l'adultère... c'est ce que j'ai fait

L'album est visuellement très beau. Les dessins de Pierre Alary, aussi bien les personnages que les décors et les ambiances, tout porte avec beaucoup d'intelligence le scénario de Fabien Nury, qui rappelle ces critiques des manigances politico-industrielles sur fond de souffrance des Poilus et d'un jeu de dupe entre ennemis qui se connaissent et se fréquentent. La mondanité du crime est omniprésente ce bel album dont on attend avec impatience la suite.

Loïc Di Stefano

Pierre Alary (dessins) et Fabien Nury (scénario), Silas Corey, Le réseau Aquila 1/2, Glénat, janvier 2013, 64 pages, 14,95 euros


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