Lorsque Gustave Roud se sentait plus léger

Ce livre rassemble les chroniques que Roud donna à la revue suisse Aujourd’hui où étaient présents à ses côtés  Ramuz et Cingria. Les trois ans que durèrent la revue (1929-1931) épousent les moments les plus apaisés de l'auteur et y apparaît un sourire que le reste de l'œuvre ignore. Qu'on pense par exemple à Haut-Jorat où l'auteur révèle des secrets à voix obscure mais dont le mystère reste caché.
Ici tout est plus léger. Le jeu littéraire se situe au-delà de la zone des sentiments et se sert du temps de l'époque comme matériel là où le poète engage n’engage que son esprit. Sans faire de concession à ses exigences, il s'extrait des miasmes qui le hantent. L’admirable traducteur des romantiques allemand et poète avance ici d'un pas plus léger. C'est une manière de retrouver, par la bande et en chemins d'écart, une œuvre qui reste confidentielle et presque secrète autant dans ses poèmes que ses photographies.
Surgit – pour un temps – la promesse d'un autre horizon, d'une autre aventure à la fois plastique et existentielle. Les textes engendrent des ouvertures et offrent un moment pour la légèreté, un autre pour la réflexion là où Gustave Roud apprend à filer provisoirement à l’anglaise au-delà de ses tourments.

Jean-Paul Gavard-Perret

Gustave Roud, Écrit à Carrouge, Fata Morgana, janvier 2012, 112 p., 15€

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