La traversée de temps de Martine Broda

Yves di Manno a  regroupé  dans l’ordre chronologique de leur composition les poèmes de Martine Broda jusqu'au dernier ensemble dont il n' été retrouvé que des fragments.
Dès ses premiers recueils des années '70 Martine Broda s'est imposée dans le paysage poétique par sa propre production et ses traductions (entre autres de Celan) axées sur une recherche constante de la lumière et le désir.  La traduction avait un rôle important chez elle car elle élargissait l'acte de l'écriture et l'exigence formelle d'une telle créatrice.
Proche de Mitsou Ronat, Esther Tellermann, Charles Racine( entre autres) elle fut toujours engagée dans son temps et sut toujours défendre une invention d'abord a priori masculine, une poésie lyrique amoureuse qui était guère de mise au moment du féminisme naissant.
Mais comme Louise Labbé, jadis, comme Marina Tsvetaieva naguère c'est par la dimension inactuelle (Di Manno) de l'écriture que la créatrice doit sa survie poétique. Toutefois refusant le narcissisme cet art est celui d'une forme de personnalisme mettant en forme un chant du monde dans une quête d'absolu ici-même avant que l'ombre recouvre la planète.

Jean-Paul Gavard-Perret

Martine Broda, Toute la poésie, préface d’Esther Tellermann, Flammarion, mai 2023, 366 p.-, 25€

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