Nicolas Pesquès : ajouts en hommage à Cézanne

Ce nouvel état  fait rebondir l'aventure poétique à travers le surjaune de la montagne. Comme Pesquès le précise, La focale s'est donc déplacée vers la question de la couleur et surtout vers l'écart qui se produit dès l'instant qu'on l'exprime entre la couleur perçue par les regard, les mots qui la disent et les yeux qui les lisent".
De cette expérience "picturale" l'auteur tire l'exploration de la traversée des écarts.
Nous plongeons indubitablement dans un travail des limites du langage puisqu'on est à à la frontière de ce qui lui échappe forcément : bref ce qui le ronge, le rogne mais le magnifie tout autant. Il y a là un défi, une recherche de son dépassement par enquête filée. D'où le caractère poétique au sens le plus plein qui soit d'une telle recherche.
La forme de chaque texte et qui plus est la pléthore celle des citations  permettent de saisir l'articulation non seulement d'une expérience sensorielle à une autre, mais d'un lieu de la colline à l'autre. L'auteur reste sur le fil du rasoir entre la littéralité la plus forte possible et le nécessaire transfert réflexif qu'installe le langage. D'où la quête perpétuelle du transfert d'une incrustation à cette autre même si elle ouvre une nouvelle  fois un abîme entre les mots et les choses, comme aussi l'encre noire et les couleur du réel.

Jean-Paul Gavard-Perret

Nicolas Pesquès, La face nord de Juliau, dix-neuf, Flammarion, coll. Poésie, février 2024, 218 p.-, 20€

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