L'intelligence exquise de Florence Delay

Il existe dans l'écriture de Florence Delay une discrétion, une politesse et une douce sensualité. L'auteure ne bouscule pas : car elle sait qu'un certain bonheur ne se brutalise pas sinon il se dilapide.
S'inscrit la prise en compte directe de la vie perçue comme un viatique ébloui et une fusion continue entre pensée et sensibilité hors de toutes béquilles discursives dans le retour d'instant d'élection avec la pulpe du réel.

C'est pourquoi ses propres souvenirs se transforment en une sorte de conte à la fois terrien et orphique. La séduction joue à fond car l'auteure, au charme, préfère la vérité. Celle-ci ne passe pas par l'autofiction mais le beau mensonge de l'invention ou la réinvention qui scénarise ce qui fut.
Miradour devient un lieu rêve mais difficile d'accès : La pente était si raide que la vieille voiture de Madeleine tombait fréquemment en panne au milieu de la côte. Il n’y avait alors d’autre solution que d’aller chercher une paire de bœufs à la ferme la plus proche. Une fois arrivée, aux pavanes des pigeons de la ville fait place le roucoulement des colombes.

En un tel (presque) inaccessible espace, l'auteure marche sans attente, balaye les absences et s'enserre de vent : un peu d'air encore et elle se sait immense, face au ciel et éprouve un souffle inconnu. Soudain quelque chose respire qui inscrit l'éphémère de ce passage à Miradour. La narratrice n'a plus de fil à son cou. Elle est l'été et le lieu.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Florence Delay, Un été à Miradour, Gallimard, février 2021, 144 p., 12 €
Découvrir les premières pages...

Aucun commentaire pour ce contenu.