Gilles Berquet, Flonflon et pom-pom-girls

 

Gilles Berquet sait capter les jeunes filles lorsqu’elles sont surprises dans des moments de concentration où leur regard s’égare. Elles ne cherchent pas à plaire : elles sont  pensives. Elles tiennent dans la main des pompons de fête. Mais leurs yeux sont absorbés bien loin de tout ça.  Leur regard  semble adhérer à l’invisible vers qui l’âme plus que le corps transporte même si le voyeur est saisi par celui-ci.

Les yeux des jeunes femmes se détournent du lieu où elles vivent et se perdent dans un autre monde où elles voient qui elles désirent voir.

La photographie inscrit ce retranchement au sein même d’une volupté presque volée ou arrachée à elle-même.

Rien de trivial dans ce présent qui est tout en étant pas.
Et s’il ne cesse d’arriver c’est qu’il n’arrive pas.
Berquet devient le porteur d’un monde qui prend forme et se désagrège à la fois. La photographie n’offre pas  forcément d’issue : les femmes fomenteuses de rêves chorégraphiques offrent et vont vers une réalité qui n’est pas forcément la leur, qui n’est pas forcément la bonne.

Jean-Paul Gavard-Perret

Gilles Berquet, Pickpocket, éditions Maison Dagoit, 2018, 5 euros

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