Vermeer : la monographie plutôt que l’exposition du Louvre !

Face au plus grand fiasco du Louvre, vous n’avez plus qu’à vous retourner vers la monographie publiée par Hazan qui a cru intelligent d’enlaidir la couverture d’un bandeau rouge stipulant 50 000 exemplaires vendus, sans doute à force de promouvoir l’AC, cet art contemporain si habillement décrié par Christine Sourgins, les éditeurs en ont oublié qu’il n’y avait pas de moutons à convaincre, Vermeer se vend tout seul, inutile d’en rajouter.
D’autant que l’accès à l’exposition est désormais impossible sans réservation – même si vous avez acheté un billet – et comme les réservations sont closes, retour à la case départ, le personnel en perd d’ailleurs son latin (et son calme) à l’instar des membres privilégiés qui, même munis de leur fameuse carte payée plus de deux mille euros, se retrouvent, comme les administrateurs, interdits d’exposition (sic).
Sans parler que les rares privilégiés sont interdits de photographier alors qu’ils en ont légalement le droit. Un beau bordel à la française… Vive l’administration, vive le musée du Louvre !

 

Donc, contre mauvaise fortune, on fera bon accueil à ce très bel album revu pour l’occasion. Initialement publié en 1986, puis repris en 2004, voici la troisième édition. Alors ne regrettez pas les heures de queue sous la pluie, les heures d’attente dans les couloirs, les heures à faire du sur-place devant les tableaux en jouant des coudes, sans parler du bruit.

Donc, posez vous dans un large fauteuil, canapé moelleux, table basse et ouvrez délicatement le livre. Les magnifiques reproductions vous enchanteront, vous laissant tout le temps pour les étudier, les scruter, y découvrir toute la grâce de Vermeer, son jeu des tons, des contrastes, des expressions des visages…

 

Vous voici plongé, par la magie du livre, dans l’œuvre d’un peintre hors norme, celui qui révolutionna la technique et l’approche de la représentation : ses portraits sont si parlants, que l’on pourrait l’associer à Vinci dans l’énigme qu’il nous met là, sous les yeux, on voit les personnages bouger, on les entend murmurer, rire, jouer avec nous. Une telle perfection dans la pureté cristalline d’un instantané plus profond que la photographie la plus détaillée, à une époque où l’argentique ne disait encore rien à quiconque, quelle fée posa son doigt sur l’artiste ?

 

Face à tel défi, il fallut convoquer trois spécialistes pour tenter, non pas d’y répondre, mais d’avancer vers trois possibles théories qui ne feraient qu’une : Gilles Aillaud s’empare du sujet philosophique ; John Micheal Montias dénoue les fils de la vie de Vermeer, son milieu social et familial, son entourage et la ville qu’il habitait, la manière dont il ressentait la peinture de son époque ; enfin, Albert Blankert positionne l’artiste dans l’histoire de l’art, et plus particulièrement dans l’art hollandais du XVIIe siècle afin de chercher à saisir et à situer les influences qui pourraient s’affirmer, et suivre la manière dont Vermeer se joua des similarités de ses pairs pour s’ériger en maître, unique, hors de toute école…

 

La seconde partie de l’ouvrage renferme un catalogue de l’œuvre, une fortune critique, une bibliographie et une chronologie ; autant dire que vous en saurez mille fois plus en lisant cet album qu’en perdant votre temps au musée.

 

François Xavier

 

John-Michael Montias, Albert Blankert & Gilles Aillaud, Vermeer, 180 illustrations, 270 x 317, Hazan, mars 2017, 240 p. – 49,00 €

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