Louis XVII, derrière le mythe

Une nouvelle venue

Les amateurs connaissent encore peu Hélène Becquet, agrégée d’Histoire et docteur en histoire de l’université Paris I Sorbonne. Elle a notamment publié une biographie de la fille de Marie-Antoinette et Louis XVI, Marie-Thérèse de France, l’orpheline du temple (Perrin, 2012), très appréciée des spécialistes. C’est tout naturellement qu’elle s’est tourné vers le jeune frère, héritier du trône à la mort de son aîné en 1789 (on ne soulignera jamais assez combien ce deuil a affecté Louis XVI au moment où débutait la Révolution), Louis-Charles, duc de Normandie futur Louis XVII, espoir des royalistes après le 21 janvier 1793.

Le dauphin martyr

Etrange figure de notre histoire que ce Louis XVII, enfant malmené par l’histoire et objet de convoitises politiques, tant de la part des révolutionnaires que des royalistes. Enfant plutôt dissipé, issu de parents qui ne s’aimaient pas, il a grandi dans le milieu policé et privilégié de la cour de Versailles, avec comme gouvernante madame de Polignac, la favorite de Marie-Antoinette. L’enfant se doute à peine des drames qui menacent, de la Révolution qui remet en cause l’édifice monarchique. Son univers change en octobre 1789 lorsque la famille royale quitte Versailles pour s’installer aux Tuileries à Paris. Il reste cependant un prince choyé, presque un enjeu politique : ne serait-ce finalement pas la meilleure solution que son père abdique en sa faveur, surtout après Varennes ? Puis la royauté s’effondre en 1792 : commence alors le temps de la captivité au Temple. Louis y perdra son père, puis sa mère, avant de mourir lui-même de la tuberculose (comme son frère).

Les faux Louis XVII

Un des grands intérêts de l’ouvrage d’Hélène Becquet est de montrer la naissance et la survie d’un mythe « Louis XVII », enfant roi qui n’a jamais exercé le pouvoir mais qui est nécessaire à l’idéologie royaliste, surtout dans sa version ultra. L’apparition de faux Louis XVII durant la première moitié du 19ième siècle doit être reliée à une croyance propre à l’Europe préindustrielle quant aux souverains « cachés », tel Sébastien du Portugal, dont le retour est censé être porteur d’espoirs eschatologiques. Ainsi Guillaume Naundorff a réussi à faire son miel de cette espérance… Voilà en tout cas un très bon livre d’histoire, rigoureux dans ses analyses, qui fera les délices des amateurs.

Sylvain Bonnet

Hélène Becquet, Louis XVII, Perrin, mai 2017, 304 pages, 20,90 €

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