Mousseline la sérieuse

Née en 1978 dans les fastes de Versailles, le plus beau palais d’Europe, Marie Thérèse Charlotte de France a une existence toute tracée, si toutefois, elle survit aux maladies qui déciment les enfants à cette époque. Elle est princesse, elle sera probablement mariée à un prince étranger qu’elle n’aura pas choisi et fera beaucoup d’enfants à sa nouvelle patrie… mais son destin sera tout autre.

Elle est d’abord une enfant adulée, heureuse, entourée par quatre nourrices, mais qui devient très vite une âme impétueuse, une gamine volontaire qui ressentait couler dans ses veines le sang de Marie-Thérèse et de Louis XIV. Cette détermination sera salutaire à la jeune fille, qui à onze ans en 1789 doit quitter le paradis de son enfance pour une prison, à treize voit mourir son père, à quatorze perd sa mère, à quinze sa tante adorée, ce qu’elle n’apprendra que plus tard. Une adolescente qui voit tous ses repères s’écrouler. Plus rien pour écrire, plus de vêtements, plus de livres, plus de compagnie jusqu’en 1795.

Dans sa prison, véritables oubliettes républicaines, elle connaît la détresse absolue, ne tenant que par l’espoir de revoir les siens. En vain, elle n’a plus personne et dès sa libération rejoint Vienne, suivant en sens inverse la route de la Dauphine, chemin que sa mère avait emprunté 25 ans plus tôt pour épouser Louis XVI.

Dès lors son existence ne sera qu’exils et voyages. "La fée Obstacles" accompagnera "la princesse du malheur" toute sa vie.

Par trois fois, elle sera chassée de France : "Trois rois, trois frères, trois révolutions, trois exils" ! C’est beaucoup pour une fille, sœur, nièce et belle-fille des trois derniers rois de France qui ne rêve que de la reconquête du trône mais ne sera la dernière reine de l’ancien régime que durant quelques minutes…


Pour dépeindre la destinée de celle que Napoléon désignera comme "le seul homme de la famille des Bourbons", Sylvie Yvert imagine que la fille de Louis XVI, devenue Princesse d’Angoulême prend la plume à la fin de sa vie à Venise pour écrire son journal. Une autobiographie dans laquelle, elle entend défendre les Bourbons devant le seul tribunal recevable ici-bas : la postérité.

Dans ce livre, l’auteur imagine beaucoup plus qu’elle ne raconte la personnalité méconnue et passionnante de celle qu’on connaît surtout par les portraits suaves de madame Vigée-Lebrun.


Brigit Bontour


Sylvie Yvert, Mousseline la sérieuseEditions Héloïse d’Ormesson, 336 pages, 18 €

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