Max Aub : corbeau et oiseaux de proie

Exilé plus souvent qu'à son tour Max Aub a dû quitter, suite à la guerre d'Espagne, son pays d'adoption. Quoique né en France il est interné au camp du Vernet avec les autres combattants espagnols ou internationaux. Il quittera ensuite ce lieu pour, et tant que juif, celui de Djefla en Algérie.

Il évitera ainsi Dachau puis fuira au Mexique. Mais son livre reste l'histoire de la machine à broyer concentrationnaire. Il est  d'une force rare. Sous la figure d'un corbeau (qui prouve au passage que l'animal est le plus intelligent de son règne) le volatile voyant et prophétique dit son fait aux animaux qui s'enrhument et qui se sont nommés trop abusivement hommes.

En effet ce livre fracassant est celui des loups, des renards, des chiens de garde et des laissés pour compte. En dehors ou par l'humour glaçant, celui qui fut un écrivain majeur (ami de Dali, Lorca, Picasso, Bunuel) prouve non sa verve mais sa puissance de vue et d'évocation.

Le régime de la déshumanisation est montré dans son horreur au ras des faits et des choses. Le texte ne qu'émettre (euphémisme) bien des doutes quant à la capacité des hommes à être dignes de respects étant donné les tueries qu'ils organisent sans apparemment le moindre doute sur la validité de leurs actes.

Les camps sont donc évoqués avec tout ce que cela comporte de résignation et de honte pour ceux qui n'ont que l'horreur quotidienne pour fardeau. La colonie pénitentiaire est donc plus que jamais présente chez celui qui a sa manière reprend le flambeau de Kafka.

Jean-Paul Gavard-Perret

Max Aub, Manuscrit corbeau, traduit de l'espagnol par Guillaume Contré, Héros-Limite, Genève, octobre 2019, 128 p., CHF 22,40

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