Les constellations célestes de Gilda Richet : entretien avec Cendrillon


 

 

Gilda Richet réussit à ne rien figer par la forme « fixe » de la peinture. Le monde n’y est en rien pétrifié ou lié au dépréciatif. Il devient pénétrable, fertile, hospitalier. Les êtres y sont délestés de leurs poids même s’ils restent charnels en diable jusque dans leur stylisation géométrique. Elle ramène paradoxalement une forme de volupté.  Les corps se dressent vers un pôle : il ne veut rien avoir à faire avec le froid. L’artiste y brise la glace consume les ombres en un feu de joie dont les couleurs avivent l’esprit et rendent les corps capiteux et crépitant.

 

Ciel et terre se confondent dans une atmosphère qui ignore le déchet et la ruine. Le précipité du monde ne se fait plus par sédimentations poisseuses mais en divers types d’assomptions où éros reste le dieu seul maître à bord. Sa présence est cristalline au milieu de formes où les arrêtes et les angles, plutôt que de trancher, retirent toute rugosité revêche. Bien des perspectives sont dégagées et soulevées dans l’émotion délicate et la nouvelle douceur du monde. Il devient un hammam aux dimensions du monde. Il s’attendrit de la chorégraphie des êtres et leurs foulées vaillantes jusqu’aux cimes les plus hautes. Ils semblent survoler les oiseaux.

 

Entretien avec GILDA RICHET

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ? Les autres, apprendre et transmettre.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?  Je ne me souviens pas de mes rêves d'enfant. Les rêves sont apparus, au sens propre et figuré, à l'adolescence. Aujourd'hui, je rêve d'une humanité partagée... Il y a encore du chemin à faire ... n'est-ce pas ? !!!

 A quoi avez-vous renoncé ? A rien, je lutte.

D’où venez-vous ? De l'alchimie de mes parents. Chaque être est un concept, une œuvre à lui seul. C'est magique : tous pareils et tous différents à la fois.

Qu'avez-vous reçu en dot ?  La curiosité, la facilité d'adaptation, le goût du beau, la sensibilité... je pense.

Qu'avez vous dû "plaquer" pour votre travail ?  Je ne me suis pas posée la question. Je dirai que ma vie s'est forgée sans séparer la notion de travail.

Un petit plaisir - quotidien ou non ?  Une promenade, une pièce de théâtre... un p'tit café dans un bar... se presser d'aller au lit... (N’imaginez rien mais pourquoi pas)...  pour lire un bon livre !

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?  Je ne sais pas.

Quelle fut l'image première qui esthétiquement vous  interpela ? J'ai appris la peinture en reproduisant Picasso, Matisse et Chagall. Mais depuis j'adore Vuillard... dont les décors rappellent les tissus de ma grand-mère... mais aussi une ambiance voilée/dévoilée... Une pudeur entre dire les choses et ne pas les dire...

Et votre première lecture ?  "Poly" bibliothèque verte ou rose ??? je ne sais plus. C'était l'histoire d'un cheval. A l'adolescence : "l'écume des jours" de Boris Vian.

Quelles musiques écoutez-vous ? De tout : classique, jazz, variété française... et un peu de rock.

Quel est le livre que vous aimez relire ?   Je ne sais pas. Il y a tellement de bons auteurs dans divers domaines... Louise Weiss, Stéphan Zweig, Sand, Kessel, Prokosch, Pontalis... et bien d'autres.

Quel film vous fait pleurer ? Tous les films où les êtres vivants souffrent.

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ? Gilda, Carmen, Patricia !!! tout simplement !!!  Ce sont les prénoms que m'ont donnés mes parents. Je me pose la question : est-ce ma personnalité qui s'est adaptée au prénom premier ou est-ce le prénom qui a déterminé ma personnalité ? En tout cas, il y a de la magie dans tout cela !!!

A qui n'avez-vous jamais osé écrire ?  Gandhi, trop tard. Mandela, trop tard. Dieu, je cherche son adresse.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ? J'aime tous les endroits où il y a de l'eau... la fluidité.

Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ? Vuillard en peinture, Claude Nougaro, Brel, Lavilliers...

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ? Comme Cendrillon : "trouver chaussure à mon pied"

Que défendez-vous ?  La vie, la joie, l'amour...

Que vous inspire la phrase de Lacan : "L'Amour c'est donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas"?  Je pense que Lacan est très pessimiste (ou très réaliste ou torturé) car il pense que l'amour n'existe pas et que, en plus, si l'amour existait, les autres n'en voudraient pas. Pour ma part, j'aime à penser que l'amour existe... sous différentes formes.

Enfin que pensez-vous de celle de W. Allen : "La réponse est oui mais quelle était la question ? C'est ça le goût du risque !

Note et entretien réalisés par Jean-Paul Gavard-Perret, le 30 décembre 2013.

 

 

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