Il est évident que le ton de cette interview est celui, marqué, d'une époque. Et davantage de la part d'Albert Camus. Quant aux questions de Jean Mogin, celles-ci m'apparaissent fort judicieuses et même, souvent très percutantes et/ou incisives. J'en veux pour preuve que dès l'entrée en matière, si je puis écrire, Albert Camus est, à chaque fois, très appliqué à répondre avec grand soin et profondeur à chacune. C'est que, sans doute, n'a-t-il pas toujours, ni même très souvent eu affaire jusque-là à un journaliste doté d'une telle force d'âme et de caractère faisant le poids, comme on dit.
Il faut savoir que, poète métaphysique, dramaturge lui-même, il se trouve donc tout naturellement à son avantage que Jean Mogin a maints atouts, et non des moindres, à disposition pour interroger, proprement et chaleureusement comme il le fait, cet écrivain-philosophe que, de plus, il admire.

André Lombard

PS : À propos du style, Camus déclare, hélas de nos jours encore bien trop souvent d'actualité : La mode aujourd'hui est de considérer que mal écrire est une condition pour bien penser. Sans doute décoche-t-il alors plus particulièrement cette flèche assassine en direction des écrivains ralliés ou apparentés, en ces années cinquante, à ce que l'on a appelé Le nouveau roman ; que Giono, lui, non moins charitable, avait baptisé l'art du brouillon.

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