Parler le corps sans rien dire : entretien avec Aurélie Denis





Par l’art Aurélie Denis parle le corps sans dire un mot. C’est pourquoi ses images ne deviennent jamais folles sans raison : dans leur peau les corps se réincarnent - surtout ceux dont on assassine le cerveau. La créatrice met des couleurs dans cette matière grise. Car il faut que le corps retrouve un avenir. C’est pourquoi le sang des images le féconde. Chacune des aubes créées par Aurelie Denis à donc une histoire à raconter qu’elle nourrit de l’intérieur par des fulgurations en apparence intempestives.

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Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ? L'envie du jour !

Que sont devenus vos rêves d’enfant ? Je rêve tout le temps.

A quoi avez-vous renoncé ? A  rien encore malheureusement.

D’où venez-vous ?  De l'utérus de mon arrière grand-père.

Qu'avez-vous reçu en dot ? La rentabilité précoce de mon corps.

Qu'avez vous dû "plaquer" pour votre travail ? Je sais pas.

Un petit plaisir - quotidien ou non ? Un chausson aux pommes.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ? C'est quoi un artiste ?

Quelle fut l'image première qui esthétiquement vous  interpela ? Des bottes blanches vernies.

Et votre première lecture ? « Rebecca » de Daphné du Maurier.

Comment pourriez-vous définir votre travail sur les encres ? Du mimisme selon le néologisme de jacques Lecoq.  Je mime mes mouvements de l'intérieur.



Quelles musiques écoutez-vous ? Blues, Free Jazz, Rock in Opposition.

Quel est le livre que vous aimez relire ? Je ne veux pas relire, j'en ai trop à lire.

Quel film vous fait pleurer ? « L'île nue » de Kaneto Shindô.

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ? Maud, mon deuxième prénom.

A qui n'avez-vous jamais osé écrire ? Annie Ernaux.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ? L'ancien cimetière de Donzy.

Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ? Ce sont plutôt des oeuvres. Pochette d'Insultes de Julie Caron,  Femme assise de Maria Lassnig, Une petite gouache hallucinante dans le cabinet médical de mon généraliste, d'une peintre inconnue. Et une oeuvre de petite dimension, dans laquelle le double pictural de Géraldine Gliubislavich fait un câlin à la peinture.

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ? Une surprise.

Que défendez-vous ?  Le corps

Que vous inspire la phrase de Lacan : "L'Amour c'est donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas"? Hahahaha On s'en fout !

Que pensez-vous de celle de W. Allen : "La réponse est oui mais quelle était la question ?" Que la fin est dans le début.

Quelle question ai-je oublié de vous poser ? Une amie m'aurait dit que vous ne m'avez pas demandé de quel signe je suis.

Entretien réalisé par Jean-Paul Gavard-Perret, le 13 août 2014.

 

 

D’Aurélie Denis : « Encres », éditions Derrière la salle de bain, Rouen, 10 € .

 

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