J-M G. Le Clézio dit se défier de la nostalgie et estime que les souvenirs sont ennuyeux. Mais il plonge néanmoins dedans ici sans barguigner. Il évoque ses souvenirs d'enfance en deux contes sur les bords de l'Odet en Bretagne dans les année 50 lors des vacances et à Nice.
Le petit garçon qui dut quitter de l'Ile Maurice et devenir l'Africain, est une fois de plus balloté sur deux rivages. Il se retrouve chaque fois à l'époque étranger en France tel un exilé.

Le texte sur la Bretagne est vraiment un conte. Celui d'un petit garçon de la ville et son frère qui rejoignent le village et ses enfants. Avec leurs sabots ils  semblent sortis du Moyen-Age ou d'un conte de Maupassant.
Celui qui fut toujours un nomade retrouve peu à peu racines près de Douarnenez dont sa famille est issue. Il y a là tout un cadastre de la disparition dans le détachement né pourtant de la peur et de l'ignorance au moment où il évoque le bombardement de Nice.

Celui qui - enfant de migrant - a connu la faim la ressent encore et raconte des histoires qu'il glane et reconstitue. La Bretagne est là dans l'ordinaire des jours d'un monde rural recréé par l'auteur et où se ressent toujours un soupçon d'autre chose qui implose. Elle fait de la littérature le plus beau des fétiches.

Jean-Paul Gavard-Perret