Laure Gauthier et la capitale de la douleur

Les huit chants de La cité dolente témoignent d’une blessure originelle et de ses conséquences : La douleur transperce à plusieurs doigts de profondeur. Je pensai brièvement : c’est la cicatrice originelle, écrit l'auteure, mais, elle a soin de préciser : Y a-t-il une origine ?
C'est toute la question car l'existence est  fléchée avant tout par son terme. Dante le savait déjà et ce n'est pas seulement à l'entrée de l'enfer que chacun pourrait affirmer : Vous qui entrez ici, laissez toute espérance.
L'auteure rassemble ainsi divers états au fil des âges et des passions d'emprunts et passagères qui défient depuis l'enfance. Celle-ci retient  pour tente d'échapper que bien que mal à la perte et jusqu'aux confins de la vie.
Laure Gonthier essaie pourtant de trouver le mot clé sortant des aphasies premières et dernières dans le marais existentiel. Elle affirme sa résistance pour ouvrir l’espace de la perte et d’un quotidien qui peut néanmoins parfois sauver même si le monde ne cesse de se fracasser.
Reste donc un espoir de survie même si face à ce qui est la "nausée" sartrienne n'est jamais loin. Le "je" parle donc autant de présence que d'absence dans des déplacements d’images et jusqu'à l'arrivée des derniers mots sans fin, retour, ni suite possible. Jusqu'au bout (ou presque) Dante revient car il avait tout dit et peut servir d'oracle indéboulonnable en ce qui est de nous, du monde et de la vie.
À chacun d’imaginer sa suite même lorsque la maison de l'être se détruit.

Jean-Paul Gavard-Perret

Laure Gauthier, La Cité dolente, éditions Lanskine, mars 2023, (édition revue et corrigée), 64 p.-, 8€

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