Peaunorgraphie de Lifang

Un double mouvement apparemment contraire anime la peinture de nu de l'artiste chinoise Lifang. D'une côté cette nudité devient le symbole de la liberté humaine dans un empire où le puritanisme maoïste règnait en maître absolu. Néanmoins Lifang  ne prétend pas que le spectacle de la nudité est la transgression suprême. Sa manière le peindre le corps par succession de « carrés » de couleurs suggère la "choséïté" de la nudité. Mais si pour la créatrice il n'y a pas d'avènement à la peinture sans un certain sens du rite celui-ci au sein-même de l'exhibition du corps n’est pas affaire de peau mais d'âme. Ce qu’Ai WeiWei  -que

l’artiste défend - illustre lui aussi même s’il fut taxé de pornographie. C'est peut être - et paradoxalement - ce qu'il y a de plus neuf dans une approche on l'on sent parfois de manière trop évidente la présence de la photographie. L’artiste se sert en effet de clichés d’internautes présents dans le plus simple appareil en réponse aux accusations adressées à Ai Weiwei. Cette « manière » de peindre est un travers aussi vieux que la peinture figurative même si l’approche trouve ici une justification. Cela fait néanmoins penser que Lifang n'est sans doute pas une immense peintre. Toutefois il faut retenir cette approche comme un phénomène avènementiel dans la manière de lier deux traditions et de créer une beauté assez pénétrante qui ne doit rien au marketing pictural. La nudité est  traitée comme est l'ombre d'un songe. Mais ce dernier n'est pas construit pour que les fantasmes repoussent comme du chiendent.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Lifang, "Les rochers sont les racines des nuages", Red Zone Genève, mars-mai 2014.

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