Le blanc du ciel - Marie-Laure Dagoit

Ruisseau de. Voie du corps. Erigée contre elle. Dedans. Ses souffles, ses à coups. Voix coulée. S’écrivant. Matière rendue à une autre, perspective de fuite, de jet (« suçant l’Oedipe » en mère des vices), brusques contorsions, reptations douces. Religieux délices, délicieux réglisse. Toucher ce qui se soulève par les lèvres chaudes au profit de sa pamoison. L’Il éjacule sa semence sur la hanche de la joue du visage de vivante. Elle l’accepte. Le poème œuvre, ranime. Corps révélé de manière ludique pour tout reprendre - regard après regard, effet après effet -  depuis la chair. A partir de. A finir parfois seule, doigt pressant l’ourlet si le dragon trop vite se terrasse. Ne pas faiblir : la sensation délie la tête. Déambulation des liquides. Servant et servante. Bouche et pulpe. Voix sucée dans la machinerie des mots et par la progression de taupe.  Va et vient du mat huilé, des mains, des lèvres. Poupée féroce et miel. Lait et venin. Barbie barbotte. Qu’il tombe ainsi. Les monstres vont à deux sexes pour rendre du plaisir. Sachant la chose s’en laquer les mains, s’en faire un mascara. Sortir du hors. Mie des maux avalée. L’écrivante étant charme et charmeuse - là où d’autres bâilleraient ou refuseraient de s’oindre préférant sans doutes les larmes d’amour défait. Mais Marie-Laure Dagoit a mieux à faire. Ecrire, écrire dit-elle. Accorde l’éternité de la petite mort. Etre c’est parfois le défaire. Paraître c’est disparaître. Laisser cracher le mal dressé, le mâle traité. Suspendue à un fil, vague sur vague (les musiciens le savent) établir cette solution de continuité avec la voix qui sort puis s’écrit. L’auteur est là comme étant la truite qui étale pour noyer le poisson. Posée là comme le chiffre « un », sans vagues : que ses mots.


 Jean-Paul Gavard-Perret


Marie-Laure Dagoit, « Notre empire », Editions de la Salle de bains, Rouen, 10 €

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