Gérard Houver : le corps tragique ou les dernières métamorphoses

                   

 

Les extraordinaires visages du Christ permirent au peintre Gérard Houver, juste quelques temps avant sa mort, d’exposer tout ce qui se brise en l’homme en proie à la souffrance.  Craignant d’être en retard irrattrapable, l’artiste quitta son lit, plongea dans son atelier pour rassembler son courage et affronter l’image dernière pour une ultime vérité. Les textes et la calligraphie mettent une lumière tierce sur les visages devenus les miroirs par procuration de celui qui s’affronte au point ultime où la mort affirme sa loi.



L’homme se dresse une dernière fois pour voir le fond ; affronter la détresse en des visions épineuses de ce qui bouge encore, de ce qui tord. Houver se fit dans « Voici l’homme » survivant en ruse quasi posthume pour lier les formes qui l’ont hanté. Voilà mis à nu son sort, sa presque sépulture dans un espace organisé par deux poètes et une artiste. L’artiste s’installe soudain par delà une durée qui s’étiola  au nom de ce qui dévorait et brûla. Le visage respire encore. En suffoquant. Vivant sans vie comme écrivit B-M Koltès quelques jours avant sa propre mort. Restent ces espaces ardus face aux ténèbres qui avancent. Minuit est à l’angle de chaque figure : le peintre y traite le Christ d’égal à égal pour voir comment souffre un visage aux étincelants secrets dont la fin fut le seul espoir de délivrance.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Gérard Houver, « Voici l’homme » textes de Paul Badin, Albert Trickler, calligraphie de Colette Ottmann, coll. « Le miroir des échos », Editions du Tourneciel, 15 €, 2014


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