A Bruxelles, marcher à la découverte de l’Art nouveau

Jeune élève, il est souvent renvoyé de l’école, pour indiscipline. Que faire de lui ? Voilà qu’une fois étudiant à l’Académie des Beaux-Arts, Victor est brillant et se révèle un travailleur enthousiaste. Il enseignera même à l’université. En devenant architecte, Horta avait trouvé sa voie ! Comme les maisons qu’il va concevoir, résolument originales, sa vision le sera aussi. Elles ne ressemblent à aucune autre, il n’empruntera rien aux codes architecturaux en vigueur. Comme personne ne l’avait jamais fait auparavant, il associe entre eux les matériaux - bois, brique, fer, verre, mosaïque, marbre - il allie les couleurs, il fait entrer la lumière partout et en fait un élément de décoration.

 

Avec lui la courbe se marie à l’horizontal, le cercle à la vertical, la volute à la géométrie des angles. Victor Horta (1861-1947) est un pionnier, au sens vrai du terme, un de ces esprits qui anticipe et fait table rase des héritages, créant ainsi un style qui n’existait pas jusqu’alors. Mouvement de rupture, scission dans les propos académiques, signe d’une époque révolutionnant l’esthétique à travers l’Europe, l’Art nouveau trouve en Belgique une terre d’élection. Sa tradition d’éclectisme y trouve son compte. Le mélange des genres plaît à ce qui est encore une jeune nation.

 

Les édifices que construit Horta à Bruxelles sont innombrables. Sans oublier le mobilier, il appose sa marque personnelle dans cette ville qui occupe désormais une place privilégiée parmi les autres capitales. L’Hôtel Tassel, de 1893, est le premier manifeste. L’Hôtel Solvay,  suit de peu. L’UNESCO ne s’y trompe pas quant à la valeur de ces édifices qui les classe sur sa liste du Patrimoine mondial. Horta aime unir les défis. Le Palais des Beaux-arts est un des exemples frappants de cette manière bien à lui de les vaincre. A côté de ce nom célèbre, d’autres moins connus s’imposent. Albert Roosenboom, Paul Hankar, Ernest Blerot, Paul Hamesse sont des architectes dont il est intéressant de découvrir les réalisations. Autres griffes qui identifient des hôtels particuliers et des maisons, mais aussi des ateliers d’artistes, des logements ouvriers, des ensembles prestigieux, des magasins, des lieux de réjouissance et de travail, des villas. Chaque quartier possède des témoignages le plus souvent parfaitement entretenus, très bien restaurés, orgueilleusement habités. Un des endroits les plus extraordinaires se trouve au Square Ambiorix : la Maison de Saint Cyr, légère, étroite, avec son exubérance néo-Renaissance flamande croisée de néo-Empire, ses alliages de couleurs, ses innovations.

 

A l’unisson du texte écrit par une personne qui connaît sa ville comme nulle autre, les photos réunies dans cet ouvrage permettent de voir à quelles sommes d’élégances et d’originalités, sont parvenus les talents de ces maîtres de la technique qui se changent en ingénieurs de la beauté d’un art devenu élément essentiel d’un patrimoine universel. En proposant neuf circuits, ces pages s’utilisent comme un guide. Si on aime l’Art nouveau, voilà un outil clair, commode, documenté. On marche en levant les yeux, d’Ixelles aux Marolles, en remontant l’histoire des goûts et les évolutions d’une société urbaine qui appelait de ses vœux des changements de cadre de vie. Il semble que dans certains lieux, il doit être agréable de vivre. De les voir, en tous cas, est un plaisir pas seulement touristique. On côtoie une florissante période d’une histoire citadine. Des portraits, des interviews, des itinéraires précis, une bibliographie, pour compléter les visites.    

 

Dominique Vergnon    

 

Cécile Dubois, Bruxelles, Art nouveau, éditions Racine, 176 pages, 122 illustrations, 16 x 24 cm, août 2016, 24,95 euros.   

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