Une histoire de la résistance en Europe occidentale, des bienfaits de l'analogie

Itinéraire d’un chercheur

 

Historien reconnu et professeur à l’école normale supérieure, Olivier Wieviorka a consacré plusieurs livres à la seconde guerre mondiale, dont une Histoire du débarquement en Normandie remarquable (Seuil, 2006) et une Histoire de la Résistance (Perrin, 2013) qui a reçu divers prix historiques. Auparavant, il avait publié des ouvrages qui tenaient à la fois de la prosopographie et de l’essai, d’abord Nous entrerons dans la carrière qui examinait l’itinéraire des résistants vers le pouvoir dans les années d’après-guerre ; puis Les orphelins de la République (Seuil, 2001) qui se proposait de retracer et d’analyser l’itinéraire des parlementaires ayant participé au vote des pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940. Les éditions Perrin publient en ce début d’année son nouveau livre, Une histoire de la résistance en Europe occidentale, dont la démarche se veut assez originale.

 

Une approche comparative

 

Que nous dit Olivier Wieviorka dans ce livre ? La défaite française en 1940 pousse le Royaume-Uni à chercher les moyens pour déclencher une guerre subversive sur le continent européen tombé sous le joug nazi. Du coup, Churchill créée le SOE, service secret qui entre en contact avec l’ensemble des mouvements de résistance en Europe, avec des fortunes diverses. Ici, Wieviorka choisit de comparer chaque pays et de confronter points communs et différences (incluant l’Italie qui change de camp en 1943). Or quoi de commun entre une Belgique occupée intégralement avec un gouvernement en exil (et qui peine à construire sa légitimité, la France de Vichy et le Danemark enfin qui conserve son armée et son gouvernement jusqu’en 1943 ? L’intérêt du livre est de montrer en tout cas que les mouvements de résistance se développent souvent de la même façon et entretiennent avec Londres le même type de rapport de force.

 

Des résultats contrastés

 

Entre le souhait initial de la Grande-Bretagne de déclencher une insurrection généralisée et le résultat final, que de déceptions et d’écart ! Reste que la Résistance a fourni une assistance logistique et de renseignement indispensable à l’effort allié. D’ailleurs, vu les résultats obtenus lors de l’année 1944, nombre de généraux alliés regrettèrent que le soutien apporté aux mouvements n’ait pas été plus conséquent…Enfin, il est frappant de constater que nombre de gouvernements réfugiés à Londres eurent avec les britanniques des conflits proches de ceux du général de Gaulle ! Et même mieux, les alliés cherchèrent après 1943 en Italie un leader aussi charismatique que notre glorieux général, dont l’itinéraire fut cependant plus sinueux qu’on ne le pense lors de la Libération, se ménageant le soutien américain face aux communistes (dont il avait recherché le soutien face à Churchill en 1943). Voici en tout cas un livre qui renouvelle la perspective. Du grand art.

 

Sylvain Bonnet

 

Olivier Wieviorka, Une histoire de la Résistance en Europe occidentale, Perrin, janvier 2016, 476 pages, 24,50 €

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