Un certain Paul Darrigrand

Un certain Paul Darrigrand débute un peu à la manière  d'un vaudeville : Philippe est amoureux de Paul, mais Paul est marié. C’est surprenant, les deux garçons sont si jeunes…
Plus étonnant encore, Philippe rencontre sa femme Isabelle, ils s’apprécient. Mais on s’en doute, on est chez Philippe Besson et non chez Guitry.
Pas de portes qui claquent, de malentendus sonores mais au contraire la mélancolie de l’île de Ré hors saison, les étés qui se terminent avec la mort des tournesols, une fièvre inquiète : « Je compte ou je suis accessoire ? »

Il n’y a rien d’accidentel dans cette histoire là, contée avec une délicatesse amoureuse. Il y a des intuitions, des subtilités : « On finit à seize heures »n’a pas la même signification que : « moi aussi, je finis à seize heures ».

Il y a dans ce livre, un amour fou et des garçons fragiles, une femme forte, un avenir condamné pour les amants. Il y a aussi la maladie. C’est l’époque du Sida et Philippe est atteint d’un mal étrange qui y ressemble avec une anémie, des défenses immunitaires qui s’effondrent. 
A coup sûr, Il souffre d’une affection qui a quelque chose à voir avec la passion empêchée, même si la relation n’est pas avérée.

D’une écriture claire et tranchante, Philippe Besson, dans son dix huitième roman retourne sur les traces d’une jeunesse hantée par la mort et les liaisons dangereuses,  joue avec la vérité d’une maladie qu’il attribuait dans Son frère à un autre que lui.
Brouillant plus que jamais les pistes entre souvenirs et réalité, fiction et autobiographie, il cite joliment Prévert : « Je peins malgré moi, les choses derrière les choses. Quand je peins un nageur, je vois un noyé ».

 

Brigit Bontour

Philippe Besson, Un certain Paul Darrigrand, Julliard, janvier 2019, 216 p.-, 19 euros

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