Le fric-frac de Pierre Péju

Pierre Péju invente un monde dont trois personnages – chacun héros des nouvelles et  pris à trois âge différents et à travers trois types d'effractions – dessinent à la fois la perte et le plaisir. Ce qui ouvre une méditation sur l'identité, la littérature, la vieillesse et la mort.

Un braqueur plus ou moins raté, un écrivain confirmé qui décide d'emprunter une nouvelle identité, un solitaire vieillissant victime consentante d'un funeste contrat sont donc les héros de divers types d'effraction, usurpation, péremption.

Leur présence dessine des  lieux où de tels personnages se creusent, se mangent du dedans.  Péju par ses trois fictions montre les monstres qui les et nous hantent, que nous agitons avec voracité ou qui nous mènent par le bout du nez.
En conséquence l'auteur permet la découverte de la bête qui chez les héros les boit, les suce, et crache. Certaines fois elle semble s'absenter mais le plus souvent elle les fait fantasmer. Mais – dira-t-on – ce n'est plus le sujet. Péju impose une vision qui anime ce qui lie les héros au peu qu'ils sont.
Ils deviennent la visualisation d'espaces mentaux conséquents. Et chaque histoire permet d’entrer dans leur épaisseur : comme eux nous nous débattons en nous non sans ambiguïté et hérésie.  C'est ce qui fait la richesse de telles fictions.

Jean-Paul Gavard-Perret

Pierre Péju, Effractions, coll. Blanche, Gallimard, mai 2022, 300 p.-, 21€

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