La montre d’Errol Flynn, de François Cérésa : Voyage en enfance

C’est un magnifique début : un jour, à Juan-les-Pins, le narrateur âgé de six ans a vu avec ses parents le grand, l’unique, Errol Flynn sauter d’un bateau. Cet homme, pour lui c’est Robin des bois qu’il a tant aimé au cinéma. Dans un français impeccable, la star offre à la mère du petit sa montre, pour la remercier d’un modeste bouquet. 

Cette montre sera le passeport pour un voyage merveilleux au pays d’Errol Flynn et dans sa vie : le jeune Patrick va en effet tout faire pour ressembler à son héros, pour tout savoir de lui. On découvre ainsi au cours de pages gaies et profondes la filmographie de l’acteur, faite de nanars et de grands films comme Gentleman Jim, ses beuveries, son addiction aux femmes et surtout son sens du panache, de la démesure, son refus des conventions et du raisonnable. 

Patrick s’efforce de l’imiter, avec ses copains et c’est à la fois touchant et pathétique. 

N’est pas Flynn qui veut. Heureusement la montre joue le rôle d’une lanterne magique et dans un autre espace-temps elle va permettre au petit français devenu grand de rencontrer son idole. On se glisse sur les premiers tournages, on danse avec Ava Gardner, on joue au tennis avec Marlene Dietrich comme spectatrice

François Cérésa n’a pas son pareil pour nous emmener avec lui, pour faire revivre le Hollywood de l’âge d’or, pour peindre son enfance et sa jeunesse avec le pinceau de la nostalgie. « Ce grand con de rital qui jouait au tennis et qui plaisait à la gent féminine », comme un de ses copains l’avait résumé acidement, va s’assagir, se mettre à écrire, rencontrer la femme de sa vie. Il aimera toujours Eroll Flynn, cet enfant triste, fou de la mer, qui doit sans cesse renouveler ses plaisirs, stimuler sa curiosité, inventer sa vie et qui, après avoir connu la gloire, mourra en épave alcoolisée. 

Ce livre est un hommage tendre à cet homme insaisissable, un hymne à l’amitié et aux filles, aux mythes qui ne meurent jamais tout à fait. Un joyau. 

Ariane Bois

François Cérésa, La montre d’Errol Flynn, Écriture, août 2019, 250 pages, 18 €

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