Ahmad Aboukhnegar nous entraîne loin des idéaux fondamentalistes et prosélytes avec son "Ravin du chamelier"
Ahmad Aboukhnegar est un écrivain confirmé égyptien. Il vit tranquillement dans un petit village près d’Assouan. Avec une quinzaine de livres à son actif et deux prix prestigieux il marche sur les traces de ses pairs. Construit en six chapitres ce roman à clés est aussi un conte moderne. Alliant le fantastique à la tradition arabo-musulmane, on découvre plusieurs entrées. Une porte ouverte sur ce pays en pleine mutation. Une manière pour nous de tenter de comprendre ce patchwork culturel et religieux qui unie musulmans, laïcs et coptes. D’autant plus intéressant que les Frères Musulmans viennent d’atteindre la législature suprême. Avec les méfiances que cela engendrent.
Alors rien ne vaut une fable pour ouvrir les yeux. Car de péché originel, il
n’y en a point si l’on regarde un peu les choses avec sérieux. Donc tout débute
lorsqu’une caravane de bédouins perd le chameau qui portait l’eau. Juste au
moment où elle se faisait de plus en plus rare. Or, le distrait qui en avait la
garde n’est rien d’autre que le fils du guide. Quelques jours plus tard, le
miracle. La caravane atteint un ravin à la végétation luxuriante. Tout le monde
peut alors s’abreuver... La caravane repart mais le fils du guide restera sur
place. Une punition.
Alors débute le charme nourrit d’une prose lancinante comme l’est l’écriture
arabe. Il rencontrera la fille du berger. Il fera la paix avec le peuple des
serpents...
D'un réalisme poétique et fantastique, Ahmad Aboukhnegar situe son action à la croisée des traditions. Mythologie de l’Égypte ancienne, légendes bibliques et merveilleux. Un roman multicolore qui nous enseigne l’approche des autres cultures. Loin, si loin des idéaux fondamentalistes et prosélytes. L’Egypte tolérante, la vraie...
Annabelle Hautecontre
Ahmad Aboukhnegar, Le Ravin du chamelier, traduit de l’arabe
(Égypte) par Khaled Osman,
Sindbad, "les littératures contemporaines", mai 2012, 208 p. - 22,00 €
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