Rebecca Makkai signe avec Chapardeuse un premier roman plein de peps !

Premier roman scintillant. Rebecca Makkai nous entraîne dans l’Amérique profonde. Celle qui nous terrorise quand on comprend tout ce qu’elle a de rigueur. Avec le droit à s’armer. Avec la religion. Avec des idéaux abscons. Pour nous en dépeindre toute l’absurdité nous suivons deux personnages bien campés. Lucy, bibliothécaire responsable du rayon jeunesse. 26 ans. Ian, gamin de 10 ans fondu de lecture. Perçu par ses parents comme un homosexuel en puissance. Nous sommes à Hannibal, Missouri. L’un de ces innombrables bourgades pourries du Middle West où l’ennui règne en maître.

Ian n’a pas de chance. Ses parents sont des chrétiens fondamentalistes. Homophobes à leurs heures perdues (elles sont légion), ils lui interdisent donc certaines lectures. Harry Potter, Bilbo le Hobbit et tout livre ayant trait à la magie. Seuls les romans parlant de la religion sont admis.


Et puis un jour, Lucy découvre Ian qui vient de passer la nuit à la bibliothèque. Il s’est construit une histoire. Fuir ses parents coûte que coûte. Il faut dire que ces derniers ont envisagé de lui faire suivre un programme de réhabilitation contre l'homosexualité. Ni une ni deux. Nos héros disparaissent : direction le Canada.



Voici un roman qui a du peps. On se prêterait à l’idée. Tout quitter. Tailler la route. Porté par un style dépouillé et vivace où la fantaisie est présente, la lecture est bienveillante. On en arriverait presque à devenir dépendant tant que l’on n’a pas gagné la dernière page. Il y a beaucoup d’humour, un esprit malin plane sur le roman… Et les pendules sont remises à l’heure : homosexualité, identité, filiation, tant d’obstacles que le couple de fuyards franchira. Pédagogique alors ce roman ? Certainement tant que des imbéciles conspueront encore le mariage pour tous !

Annabelle Hautecontre


Rebecca Makkai, Chapardeuse, Gallimard, août 2012, coll. "du monde entier", 368 p. – 21,00 €

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