Les exercices de monstruosité de Laurent Pépin

Fini la pause, haro superflu. Tel un foutriquet le narrateur est tombée dans un île mystérieux où se défait de temps mais où des représentations s'animent. Les monstres sont comme des milliers pierres lourdes qui font la pensée et les angoisses de l'abîme du corps qui cherche en insomnie et peur sa réalité qui n'existe pas ou peu.

Mais il s'agit à travers eux de réinventer le corps, réinventer l'homme sans âge. Le tout dans le service pour patients volubiles, et ce depuis sa décompensation poétique du  narrateur. Et celui-ci d'ajouter : Au fond, je crois avoir toujours su que cela se terminerait ainsi, dans ce lieu qui permet de "sauver" une humanité qui ne peut pas encore se réduire à une pensée filtrée suivant les normes d’hygiène ou plus sobrement parce qu'il n'existe pas pour lui de place ailleurs...

Et nous voici en compagnie d'un personnage de conte de fées là où pourtant il n'existe pas grand-chose de féérique. Mais le narrateur va y trouver bien des choses qui rebondissent sur une langue desséchée (où), les mots mouraient ou devenaient fous. Et parfois, mon corps se déchirait, sans savoir pourquoi.
Pour autant et peu à peu un tel héros réaprivoise mots et images pour fabriquer un monde dont il devient le couturier et où il s'agit de tenter de sauver ce qui peut l'être.

Entre rêve et histoire de peau tout avance jusqu'à ce que la braise se transforme en cendre qui tombe en une pluie fine et grise sur Angélus des Ogres. Restera finalement à s’allonger et regarder  les étoiles courir après les amibes et le plancton dans le ciel sale ce qui revient après bien des divagations amoureuses de garder les yeux sur le souvenir vivant de Lucy qui clignotait faiblement entre mes jambes.
Ainsi fini ce périple à la fois final et générique aux milieux des artefacts.

Jean-Paul Gavard-Perret

Laurent Pépin, Angélus des ogres, Éditions Platland, septembre 2021, 101 p.-, 8,50 €

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