Frères de Terroirs

Un "carnet de croqueurs" un peu fade.


Yves Camdeborde nous propose de découvrir en bande dessinée ceux sans qui la cuisine française – et la sienne en particulier – ne serait pas ce qu'elle est.

Aidé par les crayons et les pinceaux de Jacques Ferrandez, il nous présente les vigneron, maraîcher, éleveurs, etc., dont il honore les produits sur ses fourneaux.


« Moi tout seul, je ne suis rien... » ; c'est par ces mots que débute la bande dessinée, Frères de Terroirs. On se dit que l'on est plutôt bien embarqué et que le voyage, sous les auspices d'une telle « profession de foi », devrait bien se passer.
Malheureusement, malgré toute la bonne volonté, la passion et l'engagement du chef Camdeborde bien perceptibles tout au long des pages, on s'ennuie fermement à la lecture de l'ouvrage. Comme rien n'est vraiment scénarisé, la BD finit par ressembler à une brochure du Centre National de Documentation Pédagogique. Certes, l'ambition didactique est revendiquée par les auteurs. Mais, les portraits des différents « artisans » sont répétitifs et lestés de platitude. On finit par avoir l'impression de lire la même chose qui se résume à deux idées essentielles : la (bonne) cuisine, ce sont des hommes passionnés et des terroirs.
Entre outre, si j'ai mis entre parenthèses le mot « artisans », c'est parce que je ne suis pas certain que Jean-Yves Bordier qui fait fabriquer son beurre dans un laboratoire industriel où il emploie 70 personnes ait beaucoup de choses en commun, par exemple, avec les chevriers de la vallée d'Aspe.


Tout se passe à la bonne franquette, dans la simplicité, avec un esprit de camaraderie, on y lève souvent le code et tout se termine par un « banquet » comme chez les Gaulois. Sauf que le seul Romain sur lequel ces Gaulois vont trouver de quoi ne pas perdre la main est un pauvre contrôleur SNCF que Camdeborde chambre avec mépris et suffisance. Un clin d’œil démagogique à l'adresse du lecteur pour bien faire ressortir les contrastes entre les aptitudes et la maîtrise des artisans et l'incompétence des « fonctionnaires ». Un petit détour bien inutile.


Il y tout de même quelques beaux moments, des personnages attachants. Mais la bonne volonté de Yves Camdeborde, ses grandes qualités humaines et son enthousiasme ne suffisent pas à en faire un bon scénariste de bande dessinée.


Philippe Menestret

Frères de Terroirs, Yves Camdeborde, Jacques Ferrandez, éditions Rue de Sèvres, octobre 2014, 115 pages, 22 €
Aucun commentaire pour ce contenu.