Yann Diener, "On agite un enfant" : Le miroir aux symptômes

Quand le directeur d’une école élémentaire conseille à un parent de donner de la Ritaline à son enfant, il y a manifestement là, sous nos yeux, une preuve définitive que l’on a touché le fond. Une fois encore, avec quelques décennies de retard, la mode outre-Atlantique du recours médicamenteux systématique vient de s’inviter chez nous. Or, quand un enfant a du retard sur l’apprentissage de la lecture ou s’agite en classe, la solution n’est certainement pas de le droguer aux psychotropes !

Mais c’est plus facile, et comme la pression des laboratoires se fait toujours plus forte, en soutient aux syndicats des enseignants qui geignent toujours plus de ne pas savoir/pouvoir tenir les élèves difficiles, le législateur démagogue a donc créé l’enfant HP, entendez enfant Hautement Perturbateur, nouveau sigle pour stigmatiser et détruire dans l’œuf un problème qu’il serait tellement plus humain de résoudre par des voies d’écoutes et de soutient...


Yann Diener exerce, en tant que psychanalyste et psychologue, dans un Centre médico-psychopédagogique à Paris. Il a donc à affronter tous les jours ces nouvelles formules de diagnostics à l’emporte-pièces qui déplacent le problème au lieu de lui apporter une solution. Or, quand ce problème est un enfant, on ne peut pas le gérer comme une machine déficiente sur une chaîne de montage...
Jamais un médicament ne résoudra un conflit psychique, d’où la nécessité d’aller consulter : un symptôme de trouble psychique - même insurrectionnel - doit se traiter par la parole.


Diener s’atèle, dans ce petit livre indispensable pour tout parent dont l’enfant rencontre quelques difficultés, à dénoncer cette langue médico-sociale très pointue qui s’appuie sur une version totalement dévoyée de la psychanalyse. Elle est le porte-parole de tout ce que l’Etat s’appuie à normaliser avec l’appui de l’industrie pharmaceutique qui, une fois encore, invente des maladies pour pouvoir revendre leurs molécules qui, comme par un heureux hasard marketing, répondent parfaitement (sic) à cette volonté de rationalisation...
Il convient donc de se révolter contre cette politique de l’absurde qui veut supprimer le dernier sanctuaire où l’enfant peut encore parler de son désarroi...
Un livre que l’on rapprochera de celui de Jörg Blech, Les inventeurs de maladies qu’il convient également de lire... immédiatement !


François Xavier


Yann Diener, On agite un enfant - L’Etat, les psychothérapeutes et les psychotropes, La fabrique éditions, septembre 2011, 128 p. - 11,00 €

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