Le Vatican des espions, la croisade de Pie XII

Mark Riebling, journaliste américain et analyste politique également qualifié d’expert reconnu du renseignement (ça fait beaucoup pour un seul homme), est pratiquement inconnu de par chez nous, pauvres provinciaux de la mondialisation. Les éditions Tallandier ont eu la bonne idée de traduire Le Vatican des espions, publié en 2015. Rien que le sous-titre, « La guerre secrète de Pie XII » contre Hitler, constitue un programme alléchant, tant la réputation de ce pape, flétri par son silence devant la Shoah, reste sulfureuse…

 

Une résistance allemande soutenue par la papauté

 

L’idée centrale de ce livre est la suivante : dès son arrivée sur le trône de Pierre, Pie XII a eu la volonté nette et affirmée d’éliminer Hitler. Il avait personnellement pris la mesure du national-socialisme lorsqu’il était nonce à Berlin et était persuadé de son caractère raciste et anti-chrétien. Pour ce faire, Pie XII a donc soutenu les réseaux antihitlériens en Allemagne avec qui il entretenait des liens via des émissaires comme le Dr Josef Müller (un des futurs fondateurs de la CSU, allié de la CDU, le parti d’Angela Merkel) où le père Rösch. Des généraux comme Halder ou Hermann Von Brauchitsch ont ainsi été contactés ainsi que le  très catholique Claus Von Stauffenberg, l’homme qui tenta de tuer Hitler le 20 juillet 1944. Mark Riebling se montre très convaincant dans sa démonstration dans un contexte où l’historiographie actuelle est revenue des illusions entretenues par Le vicaire, pièce qui avait fait de Pie XII le complice passif d’Hitler.

 

Les défauts d’un roman d’espionnage

 

Convaincant, parfois passionnant, Le Vatican des espions souffre cependant de la profusion de détails donnés par l’auteur, visiblement passionné par son sujet. Le lecteur se perd un peu dans le fil des différents complots contre Hitler (ce diable fait homme avait une chance incroyable !), un peu comme dans certains romans d'espionnage. Reste en tout cas que la figure de Pie XII mérite un regard nouveau de la part de l’opinion : on se permettra ici de renvoyer à la biographie que lui a consacré Pierre Milza (Fayard, 2014). A lire cependant.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Mark Riebling, Le Vatican des espions, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Johan-Frederik Hel Guedj, Tallandier, octobre 2016, 464 pages, 23,90 €

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